Crise Politique au Kenya : La Haute Cour Gèle le Remplacement du Vice-Président Rigathi Gachagua

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Une nouvelle secousse politique secoue le Kenya. Vendredi 18 octobre, la Haute cour kényane a suspendu le remplacement du vice-président destitué, Rigathi Gachagua, par le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki. Cette décision intervient à un moment critique où la nomination de M. Kindiki, proposée par le président William Ruto, avait déjà été approuvée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Cependant, la justice kényane a interrompu cette procédure jusqu’au 24 octobre, en réponse à un recours judiciaire déposé par M. Gachagua.

L’ancien vice-président, hospitalisé pour des douleurs thoraciques quelques heures avant le vote décisif du Sénat, conteste fermement son remplacement, qu’il qualifie d’« anticonstitutionnel » et précipité. Il reproche notamment aux autorités de l’avoir privé de l’opportunité de se défendre lors de ce moment crucial.

Cette suspension survient après que le Sénat a voté en faveur de la destitution de Rigathi Gachagua pour « violation grave » de la Constitution, pour des menaces à l’encontre des juges et pour avoir mené des politiques alimentant la division ethnique. Ce vote est historique puisque Gachagua, 59 ans, devient le premier vice-président à être démis de ses fonctions dans le cadre de la procédure prévue par la Constitution de 2010.

Le vice-président déchu rejette cette procédure, qu’il voit comme un « complot » contre lui, alimenté par des ambitions politiques cachées. « Je me battrai jusqu’au bout », avait-il déclaré la semaine dernière, montrant sa détermination à contester chaque étape de son éviction.

Toutefois, ses efforts pour retarder le vote au Sénat n’ont pas abouti, malgré l’intervention de ses avocats qui ont dénoncé une procédure accélérée et non conforme à la Constitution. Ces derniers ont déposé un recours judiciaire en urgence vendredi matin pour contester son remplacement, soulignant que leur client n’avait pas eu le temps de présenter sa défense adéquatement.

La décision de la Haute cour kényane a ouvert une période d’incertitude politique pour le pays, gelant temporairement la transition du pouvoir entre Gachagua et Kindiki. Ce répit jusqu’au 24 octobre permettra à la justice de se prononcer plus largement sur la légitimité du processus de destitution et du remplacement du vice-président.

Cette crise politique, inédite au Kenya, reflète les profondes fractures au sein de la classe politique du pays, où les rivalités et les ambitions personnelles semblent s’entrechoquer avec les principes constitutionnels.

Mamadouba CAMARA

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