Justice et Liberté de la Presse : Le Verdict du Procès de Bakary Gamalo BAMBA

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Ce mardi 3 décembre 2024, le tribunal de première instance de Kaloum a rendu son verdict dans l’affaire opposant le journaliste Bakary Gamalo BAMBA au président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), Francis Kova ZOUMANIGUI. Le directeur du journal Le Baobab a été reconnu coupable d’atteinte à la vie privée et condamné à six mois de prison avec sursis, assortis d’une amende d’un million de GNF.

L’affaire découle d’une plainte déposée par Francis Kova ZOUMANIGUI, qui reprochait au journaliste d’avoir enregistré une conversation privée sans autorisation préalable. Selon le plaignant, cet enregistrement constituait une violation flagrante de son intimité.

Lors de son audition, Bakary Gamalo BAMBA a admis les faits, tout en justifiant son acte par des exigences professionnelles. Il a déclaré avoir procédé à cet enregistrement pour garantir la précision de son compte rendu journalistique sur une enquête impliquant l’ex-ministre de la santé, Remy LAMAH.

Le procureur, dans ses réquisitions, avait demandé une peine d’un an de prison ferme contre le journaliste. Cependant, le tribunal a opté pour une approche plus clémente, prononçant une peine avec sursis et fixant une amende symbolique. En outre, la confiscation du téléphone ayant servi à l’enregistrement a été ordonnée.

Une Décision Équilibrée ou un Précédent Dangereux ?

Ce jugement soulève des questions cruciales sur les limites de la liberté de la presse et le respect de la vie privée. D’un côté, certains saluent la modération de la sentence, estimant qu’elle tient compte des contraintes du métier de journaliste. De l’autre, cette décision pourrait instaurer un précédent inquiétant pour les professionnels des médias, qui risquent désormais de voir leur travail entravé par des poursuites judiciaires similaires.

Alors que la presse joue un rôle clé dans la lutte pour la transparence et la justice, ce cas met en lumière les tensions persistantes entre les droits individuels et l’intérêt public. Il rappelle également aux journalistes l’importance de respecter scrupuleusement les règles d’éthique et de légalité dans l’exercice de leur métier.

Un Débat National en Perspective :

Ce procès, largement médiatisé, devrait relancer le débat sur la réglementation de la presse en Guinée, ainsi que sur les moyens de protéger à la fois les journalistes et les citoyens. En attendant, Bakary Gamalo BAMBA pourra reprendre ses activités, mais sous la menace constante d’un sursis qui pourrait se transformer en prison ferme en cas de récidive.

La liberté de la presse reste un pilier de la démocratie, mais elle ne saurait s’exercer au mépris des droits fondamentaux des individus. Ce procès rappelle l’urgence de trouver un équilibre entre ces deux impératifs dans une société en quête de justice et de transparence.

Mamadouba CAMARA

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