Crise dans l’Enseignement Supérieur au Sénégal : Une Université à l’Abandon et des Étudiants à Bout

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L’Université Assane Seck de Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, a fermé ses portes jusqu’à nouvel ordre. Cette décision radicale, prise le mercredi 27 novembre par la direction, fait suite à des affrontements survenus entre étudiants et forces de l’ordre. À l’origine des tensions, des revendications devenues le symbole d’un mal-être généralisé dans l’enseignement supérieur sénégalais : des infrastructures vétustes et insuffisantes, des promesses non tenues, et une communauté étudiante qui se sent abandonnée.

Des conditions d’étude alarmantes :

Les étudiants de Ziguinchor dénoncent une situation devenue intenable. Sur un campus qui accueille plus de 10 000 étudiants, une seule cantine est disponible, prévue initialement pour 250 personnes. Pire encore, les cours se déroulent dans des bâtiments délabrés, alors que de nouveaux amphithéâtres et laboratoires, annoncés depuis six ans, ne sont toujours pas livrés. Une promesse réitérée en juin dernier par le ministre de l’Enseignement supérieur, El Hadji Abdourahmane DIOUF, qui assurait que tout serait prêt en octobre. Aujourd’hui, rien n’a changé.

Face à ce statu quo, les étudiants ont entamé vendredi dernier une grève illimitée pour faire entendre leur voix. Mais au lieu d’une réponse concrète, c’est la fermeture pure et simple du campus qui a été annoncée, plongeant encore davantage ces jeunes dans l’incertitude.

Un malaise national :

Le cas de Ziguinchor n’est malheureusement pas isolé. À l’Université du Sine Saloum, dans le centre du pays, la situation est tout aussi critique. Depuis octobre, les cours n’y ont pas repris, car les bâtiments, trop vétustes, représentent un danger. À Bambey, les chantiers d’infrastructures lancés en 2015 sont à l’arrêt depuis près de neuf ans, tandis que sur les sites de Fatick et Kaolack, certains édifices menacent de s’écrouler.

À cette crise des infrastructures s’ajoute celle des enseignants. Le Syndicat autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) dénonce des retards récurrents dans le paiement des salaires et menace d’entamer une grève nationale dès lundi prochain.

Un avenir en suspens :

Cette crise dans l’enseignement supérieur soulève des questions profondes sur les priorités accordées à l’éducation au Sénégal. Les étudiants, moteurs du développement futur du pays, se retrouvent aujourd’hui pris dans une impasse où leurs rêves et ambitions sont compromis par des manquements structurels.

La situation exige des réponses rapides et efficaces, car au-delà des murs fissurés et des promesses brisées, c’est l’avenir même de toute une génération qui est en jeu.

Mamadouba CAMARA

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