Dans nos sociétés africaines, la parole occupe une place sacrée. Elle sert à transmettre l’histoire, à éduquer, à apaiser les tensions, à bâtir des liens. Mais elle peut aussi briser un destin, semer la peur, détruire une réputation en un instant. La parole est l’un des outils les plus puissants dont dispose l’être humain. Elle peut construire, encourager, élever. Mais elle peut aussi blesser, humilier et fermer des portes pour toujours. Et c’est cette dualité qui mérite réflexion.
Chaque mot que nous prononçons porte une énergie. Certains redonnent confiance à ceux qui n’en ont plus, d’autres écrasent des espoirs encore fragiles. Un mot bien placé peut réveiller le potentiel d’un enfant, pousser un jeune à poursuivre ses études, ou encourager quelqu’un à se battre pour ses rêves. Mais une phrase blessante peut détruire l’estime de soi, éteindre les ambitions, créer une blessure invisible qui dure toute une vie.
Dans les familles, les paroles des parents construisent ou brisent l’avenir des enfants. Un simple “tu peux réussir” peut allumer une lumière intérieure qui ne s’éteindra plus. À l’inverse, des mots comme “tu n’y arriveras jamais” peuvent devenir une prison mentale. Beaucoup d’adultes trainent encore les cicatrices des paroles qui leur ont été lancées dans leur enfance, parfois sur le ton de la colère ou de la frustration.
Dans les écoles, la parole des enseignants peut transformer un élève moyen en futur leader, ou condamner un esprit brillant à l’échec. Dans les quartiers, la parole des voisins peut nourrir la solidarité ou attiser les divisions. Dans les milieux professionnels, un mot de reconnaissance peut booster la motivation, tandis qu’une critique humiliante peut pousser quelqu’un à abandonner.
Même dans nos relations quotidiennes, la manière dont nous parlons révèle notre vision du monde. Les leaders qui inspirent sont ceux qui utilisent leur parole pour éclairer, motiver, rassembler. Ceux qui détruisent par leurs mots ne font que répandre leur propre frustration.
Il faut comprendre que la parole laisse des traces. Les blessures physiques guérissent, mais les blessures verbales restent dans la mémoire et influencent le comportement, parfois pendant des années. C’est pourquoi chacun doit apprendre à mesurer ce qu’il dit, surtout dans les moments d’émotion. Parler avec sagesse ne demande pas d’être parfait, mais d’être conscient de l’impact que nos mots peuvent avoir sur l’autre.
La parole est un outil à double tranchant. Elle peut ouvrir les chemins les plus lumineux, tout comme elle peut fermer les portes les plus prometteuses. Elle peut faire grandir ou faire tomber. Nous avons tous la responsabilité d’en faire un instrument de construction, d’encouragement et de paix. Parce qu’au final, la manière dont nous parlons détermine aussi le monde que nous contribuons à créer.
Construire par la parole, c’est semer des graines de confiance. Détruire par la parole, c’est couper les ailes à l’avenir. À nous de choisir.
Par Mamadouba CAMARA
Rédacteur en Chef – www.lereveil224.info
