Chronique : Les mines guinéennes : Qui profite réellement de nos ressources ?

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La Guinée est souvent qualifiée de « scandale géologique ». Son sous-sol regorge de richesses inestimables : bauxite, or, fer, diamants… Pourtant, cette abondance de ressources naturelles ne se traduit pas toujours par une amélioration visible des conditions de vie de la population. Alors, à qui profite réellement l’exploitation minière du pays ?

D’un côté, il y a les multinationales. Ces géants du secteur minier, principalement étrangers, exploitent les ressources guinéennes avec des investissements colossaux. En retour, l’État perçoit des taxes, des redevances et des emplois sont créés. Mais ces contributions sont-elles suffisantes ? La Guinée reste l’un des pays les plus pauvres du monde, et les populations vivant à proximité des mines se plaignent souvent de conditions précaires, de pollution et d’expropriations.

D’un autre côté, l’élite politique et économique locale n’est pas en reste. Des contrats opaques, des détournements de fonds et des arrangements douteux permettent à une poignée d’individus de s’enrichir, laissant le reste de la population dans l’ombre. Pendant que des tonnes de minerais quittent le sol guinéen, les infrastructures de base comme les routes, les hôpitaux et les écoles restent insuffisantes ou dégradées.

Et puis, il y a le peuple guinéen, censé être le premier bénéficiaire de cette manne minière. Mais qu’en est-il réellement ? L’emploi dans les mines est souvent précaire, avec des conditions de travail difficiles et des salaires bien en deçà des attentes. Quant aux retombées économiques, elles semblent se volatiliser avant d’atteindre les couches les plus vulnérables de la société.

Alors, qui profite réellement des ressources minières guinéennes ? Ce ne sont ni les agriculteurs délogés, ni les travailleurs sous-payés, ni les jeunes diplômés sans emploi. Ce sont plutôt les compagnies étrangères, certaines élites locales et un système économique mal structuré qui perpétue les inégalités.

La Guinée pourrait-elle changer la donne ? Oui, mais cela nécessiterait une gouvernance plus transparente, des négociations de contrats plus avantageux et une redistribution équitable des richesses minières. Car un pays aussi riche en ressources ne devrait pas être pauvre en opportunités.

Mamadouba CAMARA

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