Kalifa Gassama Diaby : nous sommes un pays misérable, …

0

Après un long silence qui a suscité beaucoup d’interrogations dans l’opinion nationale, le maniaque de la langue de Molière, ancien Ministre et activiste des Droits de l’Homme, Kalifa Gassama Diaby a refait surface en prenant la parole pour donner son avis sur la gestion de la transition en cours en République de Guinée.

Invité de la populaire émission ‘’Mirador’’ de la radio FIM FM, ce jeudi 2025 Aout 2022, l’ancien Ministre de l’unité nationale a jeté un regard froid sur la manière dont la transition est en train d’être conduite par le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) et son président, Colonel Mamady Doumbouya.

Interrogé sur son silence de ces derniers mois, le Ministre a répondu en ces termes : « pour le silence et je pense que je ne suis pas le seul dans ce cas, si on n’était pas viscéralement attaché à ce pays et à ce peuple, je crois qu’on aura pas envie de parler. Parce que nous sommes et je prie les guinéens de me pardonner pour ce mot fort mais je le pense, nous sommes un pays misérable, nous ne sommes pas que dans la misère sociale et économique, ce que nous appelons la pauvreté, qui astreint les guinéens à une vie quasiment impossible. Mais nous sommes aussi un pays politiquement, intellectuellement et moralement misérable. Nous refusons d’accepter la vérité et nous sommes installés dans une logique de perpétuelle recommencement des mêmes bêtises, et à un moment donné, au-delà de l’amour que nous portons et que nous pouvons porter pour chaque guinéenne et chaque guinéen et pour ce pays auquel nous sommes attachés si fortement, on n’a pas envie de parler, pace qu’on se reprend et on dit toujours la même chose. Nous sommes un peuple enfantin, un pays qui se ridiculise parce que nous répétons les mêmes erreurs et les mêmes bêtises » a-t-il déclaré.

Poursuivant, le Ministre a dénoncé ce qu’il appelle la haine des partis politiques prônée par une partie de l’élite et de l’intelligentsia de la Guinée. Il a rappelé au CNRD, la nécessité de composer et de collaborer avec les partis politiques pour la réussite de la transition, car selon lui, il n’y a pas de transition sans partis politiques : « ce qui me tiquait dans les différends commentaires, surtout au niveau de l’élite et de l’intelligentsia de notre pays, c’est cette tentation qu’il y avait à théoriser une nouvelle façon de faire de la démocratie, avec une espèce de paresse et de malhonnêteté intellectuelle. Et nous sommes installés dans une logique où il fallait théoriser quasiment la haine des partis politiques, la haine de la liberté et la haine de la démocratie et ça, ça me préoccupe. Si les guinéens ont accueillis le coup d’Etat du 5 septembre, ils ne l’ont pas fait parce qu’ils avaient la haine des partis politiques et de la démocratie. Ils l’avaient fait parce qu’ils prenaient le 5 septembre, comme une promesse certaine de liberté et de démocratie. L’élite a démissionné, car elle refuse de penser et réfléchir et on ne peut pas faire avancer une société de cette façon, … Le CNRD doit comprendre qu’il n’y a pas de transition sans partis politiques et que la transition est une dynamique de participation. Il doit également comprendre que dialoguer n’est pas une faiblesse mais plutôt une grandeur. Il faut appeler tous les acteurs autour de la table et discuter. Même les gouvernements élus savent que gouverner c’est un consensus. » a matélé Kalifa Gassama Diaby

L’activiste des Droits de l’Homme et ancien ministre, fidèle à ses valeurs et à son franc parlé, a invité les guinéens à être beaucoup plus exigeant sur eux-mêmes, car pour lui, le guinéen attend du gouvernant ce que lui-même n’est pas. Il a appelé le CNRD à la souplesse et l’esprit d’ouverture pour la réussite de la transition.

« Il n’y a pas de messie, il n’y a pas de sauveur pour un peuple, il n’y a pas de dieu, à part Dieu l’unique pour un peuple. Le peuple est son propre messie et son unique sauveur, » a-t-il conclu.

Décryptage signé Emmanuel MPENESSENY

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.