Afrique subsaharienne : le FMI dévoile un rapport entre défis urgents et espoirs économiques
Ce vendredi 6 décembre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a présenté son rapport sur les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne lors d’un événement organisé à l’Université Général Lansana CONTÉ de Sonfonia, à Conakry. L’occasion, marquée par la présence de membres du gouvernement et de représentants d’institutions internationales, a permis de dresser un tableau nuancé des défis et opportunités économiques de la région.
Sous le thème “Perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne : entre réformes et grandes espérances”, le rapport met en lumière une amélioration progressive, bien que fragile, des indicateurs macroéconomiques. Selon le FMI, si l’inflation tend à se stabiliser et la dette publique cesse de croître, des vulnérabilités majeures subsistent, notamment une croissance modérée et une forte pression sur les finances publiques.
Des progrès économiques limités mais notables :
Le rapport souligne que la croissance économique moyenne en Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,6 % en 2024, avec une prévision modérée à 4,2 % en 2025. Toutefois, près d’un tiers des pays de la région continuent de subir une inflation à deux chiffres, compromettant le pouvoir d’achat des populations. De plus, la capacité à honorer le service de la dette reste faible, tandis que les réserves de change demeurent insuffisantes dans plusieurs pays.
Pour relever ces défis, le FMI recommande des réformes économiques ambitieuses et socialement acceptables. “Les décideurs doivent s’efforcer de réduire les vulnérabilités macroéconomiques tout en répondant aux besoins en matière de développement”, a déclaré Nérée NOUMON, représentant résident du FMI en Guinée.
La Guinée, une exception régionale prometteuse :
Dans ce contexte, la Guinée se distingue par des performances économiques supérieures à la moyenne régionale. Selon Mourana SOUMAH, ministre de l’Économie et des Finances, le pays affiche une croissance de 6,1 % en 2024, soit près du double de la moyenne en Afrique subsaharienne. Malgré une inflation élevée, les prévisions estiment qu’elle atteindra 7,1 % à la fin de l’année, un niveau relativement maîtrisé.
“Notre résilience économique se traduit par des chiffres concrets, et non par des discours. Nous restons optimistes quant à l’avenir, malgré un environnement mondial marqué par la réduction de l’aide publique au développement”, a affirmé SOUMAH.
Vers une diversification économique et sociale :
L’ancien Premier ministre guinéen, Kabinet KOMARA, a toutefois appelé à une vigilance accrue. Selon lui, l’avenir économique de la Guinée et de la région repose sur trois piliers :
- La diversification économique : Réduire la dépendance au secteur minier en investissant dans l’agriculture, l’industrie, les services et les industries culturelles et sportives.
- L’acceptation sociale des réformes : Impliquer les populations dans les processus de réforme pour garantir leur compréhension et leur adhésion.
- La protection des plus vulnérables : Mettre en place des filets sociaux pour amortir l’impact des ajustements économiques.
Des réformes indispensables pour l’avenir :
Le rapport du FMI constitue un appel à l’action pour les dirigeants de l’Afrique subsaharienne. Entre croissance modérée, financement limité et pressions sociales croissantes, les choix à venir seront déterminants pour surmonter les obstacles et garantir un développement durable. Comme l’a rappelé Nérée NOUMON, “l’inaction n’est pas une option”.
L’Afrique subsaharienne, riche de potentialités, se trouve à la croisée des chemins. Entre grandes espérances et réformes indispensables, le défi consiste à transformer les vulnérabilités en opportunités pour construire une résilience durable.
Mamadouba CAMARA