Opinion : CRIEF, quand la montagne accouche d’une souris à la place de l’éléphant attendu (par Emmanuel MPENESSENY)
La Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF), juridiction chargée de moraliser la gestion de la chose publique et de réprimer les détournements des deniers publics qui était accueilli avec enchantement et espoir par le peuple de Guinée et les guinéens, est aujourd’hui, disons-nous la vérité, le simulacre d’elle-même.
Le guinéen dans son espoir infini, pensait avoir eu le remède contre la dilapidation et la malversation à volonté des deniers publics, mais cet espoir est très vite passé comme une étincelle de feu de paille.
Nous n’allons pas nous leurrer la face, on a tous salué l’avènement de la CRIEF pendant les tous débuts de son existence. On espérait tous pouvoir voir ceux qui ont géré nos biens nous faire le compte et mettre ceux dont la gestion n’a pas été très catholique face à leur responsabilité. Mais malencontreusement, nous allons encore devoir attendre et pour de longtemps, je pense.
Entre décisions prises sous émotions, erreurs de procédures, insuffisances de preuves, détention prolongée sans jugement, incohérence et communication en lambeau, la cour de répressions des infractions économiques et financières nous montre petit à petit ses limites et s’éloigne du jour au lendemain des attentes et élargit au même moment le champ des doutes quant à son efficacité et sa capacité à remplir sa mission.
Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara, Oyé Guilavogui et cie séjournent à la maison centrale coronthie depuis des mois maintenant. Mais qu’est-ce que réellement la bande à Aly Touré (Procureur spécial de la CRIEF) les reproche ? De quels éléments de preuves dispose-t-elle ?
Si les réponses aux deux questions susmentionnées étaient entre les mains de la CRIEF, pourquoi jusque-là les présumés ne sont pas toujours présenté à un juge pour connaitre leur sort ? Voilà une autre brèche qui ouvre la porte à toutes les interprétations et spéculations. Qui trace aussi la ligne de conduite aux communiquants pro RPG-UFDG et UFR, qui attestent d’emblée que la CRIEF est un instrument crée pour écarter des gens à la course aux prochaines échéances électorales.
Aux dernières nouvelles, comme si les débandades signalées ci-haut n’étaient pas de trop, Aly Touré et son équipe décident de s’attaquer aux petits gestionnaires des points de vente de produits pharmaceutiques, pour gâcher sur des souris les flèches avec lesquelles les guinéens prévoyaient abattre des éléphants. Entre nous, qui s’attendait à ce que la CRIEF tombe aussi bas ?
On ne demande pas d’inculper tous les prévenus, mais que la CRIEF et Aly Touré sachent que blanchir tous ceux qui ont géré nos biens à un moment donné de notre histoire et qui mènent un trait de vie hautement supérieur aux privilèges du pouvoir dont ils ont bénéficié, est une insulte morale au peuple de Guinée.
Le détournement des deniers publics est une évidence en République de Guinée, que la CRIEF trouve les moyens techniques et légaux et avec la manière, sans règlement de compte pour mettre les concernés face aux faits. Ses magistrats sont payés par le contribuable guinéen à cet effet.
Emmanuel MPENESSENY Journaliste spécialiste des questions d’Environnement de de Développement Durable.