Macron hausse le ton contre Pékin : l’Europe prête à relever ses droits de douane pour protéger son industrie
À son retour d’une visite officielle en Chine, Emmanuel Macron a choisi de frapper fort. Dans un entretien accordé ce dimanche 7 décembre au quotidien français Les Échos, le président français a clairement averti Pékin : l’Europe est prête à augmenter ses droits de douane sur les produits chinois si rien n’est fait pour réduire un déficit commercial devenu, selon lui, « abyssal ». Après plusieurs années de mise en garde, Paris semble désormais décidé à passer à l’action, convaincu que l’avenir industriel du continent est en jeu.
Le chef de l’État, tout juste rentré de Chine, affirme avoir porté un message direct aux autorités chinoises. Selon lui, la relation économique entre les deux blocs est devenue dangereusement déséquilibrée, au point de menacer la survie même de plusieurs secteurs européens. « S’ils ne réagissent pas, nous, Européens, serons contraints de prendre des mesures fortes dans les tout prochains mois », a-t-il déclaré, évoquant des droits de douane renforcés, à l’image de ceux appliqués par Washington. Une posture qui marque un tournant, alors que Paris plaidait jusqu’ici pour une coopération renforcée.
Cette mise en garde intervient dans un contexte où la dépendance européenne envers la Chine n’a jamais été aussi évidente. Des batteries électriques au raffinage du lithium, du photovoltaïque aux véhicules électriques, jusqu’aux processeurs, une dizaine de secteurs stratégiques figurent désormais dans le collimateur de l’Élysée. À eux seuls, ces domaines représentent une part considérable de la transition énergétique et technologique du continent, mais l’essentiel de leur production est entre les mains de groupes chinois. Pour Macron, cette situation n’est plus tenable : « C’est une question de vie ou de mort pour l’industrie européenne. »
Les chiffres donnent en effet une idée de l’ampleur du problème. L’an dernier, l’Europe enregistrait plus de 300 milliards d’euros de déficit commercial avec la Chine, un record historique qui illustre la dépendance massive des industries européennes. Au-delà des chiffres, ce déséquilibre se traduit par une fragilisation progressive des chaînes de production en Europe et par une perte d’influence sur les secteurs d’avenir.
Dans son entretien, Emmanuel Macron ne se contente pas de menacer. Il tend aussi la main en encourageant les entreprises chinoises à s’implanter directement en Europe. Une manière de rééquilibrer la balance tout en créant de la valeur sur le continent. Pour Paris, l’enjeu est double : attirer de nouvelles usines et réduire la domination chinoise sur des technologies essentielles pour les décennies à venir.
Cette prise de position marque également une nouvelle étape dans la stratégie européenne. Longtemps divisée sur la manière de gérer sa relation commerciale avec Pékin, l’Union semble peu à peu adopter une ligne plus ferme, inspirée par les mouvements récents des États-Unis. Reste à savoir si cette pression politique suffira à faire fléchir la Chine, qui considère souvent ces critiques comme infondées ou exagérées.
La confrontation s’annonce donc déterminante pour l’avenir industriel du continent. Entre la nécessité de protéger ses entreprises et le besoin de maintenir des relations stables avec un partenaire économique incontournable, l’Europe marche sur un fil. Mais une chose est sûre : en haussant le ton, Emmanuel Macron veut montrer que le temps de la patience touche à sa fin.
Mamadouba CAMARA