Cameroun : Paul Biya réélu pour un huitième mandat malgré la contestation

Le verdict est tombé. Ce lundi 27 octobre, le Conseil constitutionnel du Cameroun a officiellement annoncé la réélection de Paul Biya à la tête du pays, avec 53,66 % des voix. À 92 ans, le président sortant décroche ainsi un huitième mandat consécutif, consolidant un règne entamé en 1982, l’un des plus longs de l’histoire contemporaine africaine.

Le scrutin, tenu le 12 octobre dernier, s’est déroulé dans un climat tendu, marqué par une forte abstention et des accusations de fraudes portées par plusieurs opposants. La veille de la proclamation officielle des résultats, de vives manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays, alimentées par la déclaration de l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui s’était autoproclamé vainqueur.

Malgré les tensions, le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire du chef de l’État, soulignant que les « irrégularités constatées » n’étaient pas de nature à remettre en cause la sincérité du vote. L’opposition, elle, dénonce un processus verrouillé et annonce déjà des recours symboliques.

Dans son premier discours après la proclamation, Paul Biya a appelé à “l’unité nationale et au calme”, promettant d’ouvrir une « nouvelle ère de stabilité et de développement ». Mais dans les rues de Douala et Yaoundé, nombreux sont ceux qui doutent de ce renouveau, craignant plutôt la continuité d’un système politique figé.

Ce nouveau mandat intervient à un moment où le Cameroun fait face à de multiples défis : crise anglophone persistante, ralentissement économique, corruption endémique et exode massif de la jeunesse. Pour certains analystes, la réélection de Paul Biya symbolise moins une victoire politique qu’une immobilité institutionnelle, qui risque d’étouffer les aspirations démocratiques d’une génération en quête de changement.

Le Cameroun s’apprête donc à écrire un nouveau chapitre de son histoire politique mais avec le même auteur aux commandes.

Mamadouba CAMARA