CRIEF : le dossier Oyé Guilavogui revient sur la table

0

Après plusieurs reports et une attente ponctuée de rebondissements, le dossier de l’ancien ministre des Postes et Télécommunications, Oyé Guilavogui, refait surface ce lundi 27 octobre 2025 devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Une audience décisive qui, sauf imprévu, devrait enfin marquer l’ouverture des réquisitions et plaidoiries, phase cruciale de ce long feuilleton judiciaire.

Poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, l’ancien ministre sous le régime d’Alpha Condé fait face à l’État guinéen, représenté par l’Agent judiciaire de l’État (AJE).

Le procès, inscrit parmi les plus lourds dossiers de la CRIEF, a connu de multiples reports. En février dernier, la procédure avait été interrompue en raison d’un changement de composition de la Cour, les nouveaux membres devant prendre connaissance du volumineux dossier. Une nouvelle audience avait ensuite été fixée au 7 juillet 2025, avant d’être renvoyée à cette date du 27 octobre, faute de présence de l’AJE et de la société Huawei, également citée dans l’affaire. La juridiction avait exigé leur présence effective comme condition préalable à l’ouverture des débats.

Le dossier Oyé Guilavogui est loin d’être anodin. Il concerne la gestion de plusieurs projets stratégiques aux montants vertigineux :

  • 50 millions de dollars destinés à la relance de la SOTELGUI,
  • 300 millions de dollars pour le projet Backbone national,
  • 94 milliards de francs guinéens pour l’exercice budgétaire 2020,
  • 17 milliards de francs guinéens pour 2021 au ministère de l’Environnement,
  • et 10 milliards de francs guinéens pour un projet de reboisement.

Autant de chiffres qui illustrent l’ampleur d’un dossier jugé emblématique dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance en Guinée.

Depuis novembre 2023, Oyé Guilavogui bénéficie d’une autorisation de sortie du territoire pour raisons médicales. Mais cette absence prolongée a suscité la méfiance de la partie civile, qui y voit une manœuvre pour échapper à la justice.

L’audience de ce lundi s’annonce donc déterminante. Après des mois d’attente, la Cour et les différentes parties sont attendues pour, enfin, faire avancer un dossier qui symbolise à la fois la complexité du passé administratif guinéen et la volonté actuelle de transparence et de reddition des comptes.

L’opinion publique retient son souffle : la CRIEF franchira-t-elle enfin un cap décisif dans cette affaire symbole de la lutte contre les crimes économiques ?

Mamadouba CAMARA

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.