Bâ Mamadou : Le Lion Indomptable de la Politique Guinéenne
Né à Boké le 1ᵉʳ avril 1930, Bâ Mamadou était un homme aux multiples facettes, à la fois intellectuel brillant, économiste visionnaire et fervent défenseur de la démocratie. Originaire de Dinguiraye, ville marquée par le multiculturalisme et l’héritage du grand résistant Elhadj Oumar Tall, il fut dès son plus jeune âge plongé dans un environnement d’ouverture et de rigueur.
Suivant les pas de son père, un des premiers fonctionnaires guinéens formés à l’école française, il fit ses études primaires à travers plusieurs régions du pays avant d’obtenir son baccalauréat à Dakar, alors capitale de l’Afrique Occidentale Française. Son ambition et sa soif de savoir l’amenèrent en France, où il décrocha une licence en mathématiques à l’Université de Rennes.
De retour en Guinée en 1957, il devint l’un des principaux acteurs du développement économique du pays, intégrant la Caisse Centrale et jouant un rôle clé dans la création de la Banque Centrale après l’indépendance. Il fut un artisan de l’émancipation économique guinéenne, contribuant à la mise en place de structures stratégiques comme Sonatex, Nafaya ou encore l’ONAH.
Son parcours fut cependant marqué par les soubresauts politiques de son pays. La dictature de Sékou Touré l’obligea à l’exil en Côte d’Ivoire, où il participa activement au développement du secteur immobilier avec la SIDECI. Condamné à mort par contumace, il devint l’un des leaders de l’opposition en exil, militant sans relâche pour la fin du régime dictatorial.
Le décès de Sékou Touré en 1984 lui permit de rentrer en Guinée, mais son engagement politique ne faiblit pas. Farouche opposant à Lansana Conté, il fonda l’Union pour la Nouvelle République (UNR), puis fusionna avec Siradiou Diallo pour créer l’Union pour le Progrès et le Renouveau (UPR). Infatigable, il rejoignit ensuite l’UFDG, contribuant à structurer l’opposition guinéenne jusqu’à ses derniers jours.
Son franc-parler et sa détermination en firent un homme respecté, admiré autant par ses partisans que par ses adversaires. Bâ Mamadou s’éteignit le 25 mai 2009, laissant derrière lui un héritage politique inestimable. Son combat pour la démocratie et la justice continue d’inspirer ceux qui aspirent à une Guinée libre et prospère.
Repose en paix, vieux lion de la politique guinéenne.
Mamadouba CAMARA