Dans un contexte politique déjà houleux, le gouvernement de transition dirigé par BAH Oury a entamé ce mercredi 5 février 2025 une nouvelle immersion au cœur du pays. Si l’initiative rappelle la tournée de quatre semaines menée en 2022 par l’ancien gouvernement de Mohamed BEAVOGUI, cette nouvelle opération soulève de nombreuses interrogations quant à sa véritable finalité.
Les premiers éléments indiquent que cette démarche pourrait bien être moins une tentative sincère de comprendre les difficultés rencontrées par les Guinéens vivant dans les zones reculées que le soutien déguisé à la campagne présidentielle du général Mamadi DOUMBOUYA. L’annonce officielle de la candidature de DOUMBOUYA, faite à Kankan le week-end dernier, n’est pas sans rappeler les manœuvres politiques des précédentes administrations, notamment sous le régime d’Alpha CONDÉ, où chaque ministre se voyait contraint de retourner dans sa localité pour battre campagne en vue d’un possible troisième mandat.
Cette nouvelle immersion fait écho aux critiques déjà formulées lors des campagnes précédentes et aux mauvaises pratiques de l’ère Alpha CONDÉ. En imposant aux ministres de quitter leurs bureaux pour se rendre dans les zones profondes du pays, le gouvernement de transition se retrouve, selon de nombreux analystes, en train de reproduire des méthodes de campagne bien connues. À l’heure où le pays attend des mesures concrètes pour améliorer la vie quotidienne des citoyens, l’opération risque d’être perçue comme une stratégie électorale plutôt que comme une véritable consultation des réalités locales.
Si l’initiative du gouvernement dirigé par BAH Oury se veut, en apparence, une immersion destinée à mieux comprendre la situation des populations en zones reculées, nombreux sont ceux qui y voient un coup de pouce pour la campagne présidentielle de Mamadi DOUMBOUYA. Dans un climat de méfiance et d’attentes non comblées, l’opération pourrait bien finir par renforcer la défiance des Guinéens envers leurs dirigeants, plutôt que de proposer des solutions aux défis auxquels ils font face.
Mamadouba CAMARA