Incendie du Parlement libérien : entre soupçons, tensions politiques et accusations de torture

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L’affaire de l’incendie qui a ravagé les deux chambres du Parlement libérien, le 18 décembre dernier, prend une tournure inquiétante, mêlant accusations, intrigues politiques et allégations de mauvais traitements. Thomas Etheridge, agent d’entretien au bureau du président de la Chambre des représentants, Jonathan Fonati Koffa, est désormais au centre de l’attention en tant que principal suspect.

Présent sur les lieux le jour du drame, Etheridge avait été interpellé aux premières heures de la journée, considéré dès lors comme une « personne d’intérêt » par les autorités. Après trois semaines d’enquête, son statut évolue, et il est formellement désigné suspect. Cependant, lors de sa comparution devant un tribunal de Monrovia le 13 janvier, Etheridge a vivement dénoncé les traitements qu’il affirme avoir subis en détention. Affaibli, il a déclaré être victime de torture, évoquant notamment des séances de « waterboarding ». Ses accusations, graves, ont conduit à l’interruption de l’audience pour qu’il soit transféré à l’hôpital.

Parallèlement, quatre proches de Jonathan Fonati Koffa ont également été arrêtés. Trois d’entre eux ont été appréhendés après une rencontre avec le président de la Chambre des représentants, tandis que le quatrième est accusé d’avoir diffusé des menaces incendiaires sur les réseaux sociaux.

Cette affaire ne se limite pas à des enjeux judiciaires. Elle reflète une tension politique croissante, alors que Jonathan Fonati Koffa est de plus en plus contesté. Une majorité de députés exige sa démission, et l’opposition, menée par le Congrès pour le changement démocratique, accuse le pouvoir d’instrumentaliser l’incident pour précipiter son départ. Dans un contexte marqué par la proximité du discours annuel du président Joseph Boakai, prévu le 30 janvier, le lieu habituel de l’événement – le Parlement – demeure inutilisable en raison des dégâts causés par l’incendie.

Alors que le Liberia retient son souffle, l’enquête devra démêler les responsabilités dans ce drame qui mêle allégations criminelles et luttes de pouvoir.

Mamadouba CAMARA

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