En Guinée, la bataille pour le contrôle du paysage politique prend une tournure décisive. À l’approche du référendum constitutionnel, les récentes dissolutions et suspensions de partis alimentent un débat houleux. Le gouvernement, accusé de manœuvrer pour faciliter une candidature du Général Mamadi DOUMBOUYA aux prochaines élections, se défend vigoureusement face aux critiques. Selon son porte-parole, Ousmane Gaoual DIALLO, ces décisions ne visent aucun acteur politique en particulier, mais s’inscrivent dans un processus de mise en conformité avec les lois en vigueur.
« Nous devons corriger les anomalies pour améliorer notre système politique », déclare Ousmane DIALLO, soulignant que les sanctions concernent avant toutes les formations qui enfreignent la loi. Il met en lumière les dysfonctionnements internes de certains partis où les dirigeants imposent leurs décisions sans consultation, nuisant ainsi au renouvellement démocratique des instances. DIALLO lui-même a été écarté par sa propre formation, l’UFDG, avant que la justice n’annule cette exclusion, une affaire toujours en cours.
La démarche du gouvernement intervient dans un contexte crucial : deux mois avant la tenue du référendum constitutionnel, point clé pour le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Alors que 67 partis risquent la suspension et que 54 autres font face à la dissolution, le message des autorités est clair : seuls les partis respectueux des normes juridiques subsisteront. Si les règles de l’avant-projet constitutionnel sont adoptées, les dirigeants des partis dissous pourront néanmoins se présenter en indépendants.
Pour certains observateurs, la vague de suspensions semble cependant plus stratégique que juridique, venant potentiellement troubler le jeu politique en faveur du pouvoir en place. Face à un pays divisé, cette refonte politique pourrait bien transformer le climat électoral, cristallisant les tensions entre les partisans d’une « refondation » et ceux qui dénoncent une « purge » politique.
Mamadouba CAMARA