De la Crise à l’Exportation : La Guinée, Nouvel Eldorado Énergétique, Mais à Quel Prix ?
La Guinée, autrefois plongée dans une crise énergétique sévère, se trouve aujourd’hui dans une position inédite : exporter de l’électricité à ses voisins, notamment le Sénégal, le Libéria et la Côte d’Ivoire. Ironie du sort, il y a peu, c’était le Sénégal qui secourait le pays en crise, en déboursant chaque mois près de 8 millions de dollars pour lui fournir de l’énergie. Aujourd’hui, la donne a changé.
Sous la présidence du Général Mamadi DOUMBOUYA, la Guinée a réussi une transformation rapide de son secteur énergétique. Le pays exporte désormais jusqu’à 160 mégawatts par jour grâce à une surproduction hydraulique, alors que ses infrastructures de transport interne d’électricité demeurent insuffisantes pour approvisionner ses propres villes en difficulté.
Le Sénégal, qui dépendait de sa production thermique plus coûteuse, trouve un intérêt économique à importer l’électricité guinéenne, moins onéreuse. Cette stratégie d’importation permet au Sénégal de réaliser des économies substantielles, avec un kilowattheure hydraulique guinéen à 16 centimes contre 22 centimes pour l’électricité thermique. Pour la Guinée, chaque transaction est une manne financière, renforçant ainsi ses recettes.
Cependant, cette exportation soulève des questions cruciales. Comment un pays en excès de production d’électricité peut-il encore laisser certaines de ses villes sans courant ? L’explication est simple : l’absence de lignes de transport internes adéquates empêche la Guinée de redistribuer cette énergie sur son propre territoire. En attendant, le surplus énergétique est évacué vers l’extérieur, évitant ainsi des pertes financières.
Mais cette situation n’est pas durable. Les exportations pourraient cesser dès décembre, à moins que les niveaux d’eau dans les barrages continuent d’alimenter cette surproduction.
La Guinée, autrefois importatrice, est désormais un acteur clé de l’exportation d’énergie en Afrique de l’Ouest. Reste à savoir si cette dynamique se maintiendra, ou si elle devra rapidement repenser ses infrastructures pour satisfaire ses propres besoins internes.
Mamadouba CAMARA