Présidentielle 2025 : le nouveau Code électoral contredit la Constitution sur l’âge des candidats, la Guinée face à une crise juridique inédite

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À un peu plus de deux mois de la présidentielle prévue le 28 décembre 2025, un vif débat secoue la scène politique et les milieux juridiques guinéens. En cause, une contradiction flagrante entre le nouveau Code électoral adopté par le Conseil national de la transition (CNT) et la Constitution récemment promulguée, concernant l’âge minimum requis pour se présenter à la magistrature suprême.

Adopté le 26 septembre par le CNT puis promulgué dès le lendemain par le président de la transition, Mamadi Doumbouya, le Code électoral était censé clarifier les règles du jeu à l’approche du scrutin. Mais au lieu d’apporter de la cohérence, il a semé la confusion en introduisant une discordance majeure avec la loi fondamentale du pays.

L’article 45 de la Constitution est pourtant clair :
« Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit (…) être âgé de 40 ans au moins et de 80 ans au plus. »

Or, l’article 127 du nouveau Code électoral fixe désormais l’âge minimum à 44 ans, tout en maintenant le plafond de 80 ans. Une modification en apparence mineure, mais qui crée une incohérence juridique et alimente un débat houleux sur la légalité même de cette disposition.

Selon le principe de la hiérarchie des normes, la Constitution est la loi suprême à laquelle toutes les autres doivent se conformer. Aucune loi, pas même organique, ne peut la contredire. En conséquence, toute disposition contraire est nulle et de nul effet.

Autrement dit, le Code électoral ne peut pas fixer des conditions d’éligibilité différentes de celles établies par la Constitution. En agissant ainsi, le CNT expose le texte électoral à un risque d’inconstitutionnalité et fait planer une ombre juridique sur la légitimité du futur scrutin.

Cette affaire met une fois encore en lumière les fragilités institutionnelles de la transition guinéenne. À quelques semaines d’une élection cruciale, elle ravive les inquiétudes sur la préparation juridique du processus électoral et la stabilité du cadre normatif censé le régir.

Au-delà du débat technique, la question de fond demeure : comment garantir un État de droit solide si les lois électorales elles-mêmes violent la Constitution ?

Car dans toute démocratie, un principe reste intangible : aucune loi ne saurait prévaloir sur la Constitution, au risque de compromettre non seulement la crédibilité du vote, mais aussi la légitimité du futur Président de la République.

Mamadouba CAMARA

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