Guéckédou sous les eaux : quand le terrain de football disparaît dans les inondations
La saison des pluies à Guéckédou, une ville située dans le sud de la Guinée, est devenue synonyme de désastres récurrents. Si les maisons inondées font désormais partie du paysage annuel, un nouveau symbole de la négligence humaine s’ajoute à la liste : le terrain de football. Ce lieu emblématique, autrefois un espace de convivialité et de loisirs pour les jeunes, est aujourd’hui englouti sous des torrents d’eau, conséquence directe des constructions anarchiques qui obstruent les voies naturelles de drainage.
Une situation prévisible et évitable
Chaque année, les habitants de Guéckédou, comme dans de nombreuses autres régions de la Guinée, tentent de défier les lois naturelles en construisant des maisons et des infrastructures sur les anciens trajets de l’eau. Pendant la saison sèche, la tentation est grande de gagner du terrain sur ces espaces que l’on considère, à tort, comme inutiles ou non exploitables. Toutefois, lorsque les premières pluies s’abattent, l’eau cherche inévitablement à retrouver son cours, avec des conséquences catastrophiques.
Le terrain de football de Guéckédou, situé dans une zone historiquement vulnérable aux inondations, a été pris au piège de cette dynamique. Les habitations et autres constructions improvisées ont détourné l’eau de ses canaux naturels, créant des poches de rétention qui, en saison pluvieuse, transforment le terrain en un véritable marécage. Ce phénomène a été particulièrement marquant cette année, où des pluies diluviennes ont submergé complètement le terrain, le rendant impraticable pendant plusieurs semaines.
Le football sacrifié sur l’autel de la négligence
Le terrain de football, autrefois un lieu de rassemblement communautaire, est devenu un miroir de la mauvaise gestion de l’urbanisation à Guéckédou. Les jeunes, qui y trouvaient un espace pour s’épanouir, sont désormais privés de leur activité favorite. En plus des inondations, les terrains boueux et glissants rendent toute pratique sportive dangereuse, augmentant les risques de blessures.
Plus qu’un simple désagrément, cette situation met en lumière l’impact social et psychologique des mauvaises décisions d’urbanisme. Le football, pour de nombreux jeunes de Guéckédou, est bien plus qu’un jeu : c’est une échappatoire, un moyen d’évasion et une source de fierté. Voir leur terrain se transformer en un étang boueux n’est pas seulement une perte d’un espace physique, mais également d’un espace symbolique où la communauté se retrouvait.
Des solutions nécessaires pour éviter la répétition
La répétition de ces incidents souligne la nécessité urgente de revoir les plans d’urbanisation et de protéger les espaces communautaires, tels que les terrains de football, contre les inondations. Il est impératif que les autorités locales prennent des mesures pour réhabiliter les canaux de drainage naturels et veiller à ce que les constructions futures respectent les zones à risques.
À Guéckédou, le terrain de football doit être protégé. Cela signifie non seulement de rediriger l’eau de manière adéquate, mais aussi de sensibiliser les populations aux dangers de la construction sur des terrains inondables. Si les habitants continuent à « tromper » l’eau en bâtissant là où ils ne devraient pas, c’est la communauté entière qui en paie le prix, et le terrain de football, symbole de cette négligence, en est la triste illustration.
Il faut noter que le terrain de football de Guéckédou n’est pas seulement un espace de jeu perdu sous les eaux ; il est le reflet d’une problématique plus vaste de gestion des espaces publics et des risques environnementaux. Pour que les générations futures puissent y jouer à nouveau en toute sécurité, il est impératif que des actions concrètes soient entreprises dès maintenant.
Mamadouba CAMARA