Après des mois de tension dans les salles de classe et dans la rue, un souffle d’apaisement semble enfin traverser le secteur éducatif guinéen. Le Gouvernement et le Syndicat Libre des Enseignants Chercheurs de Guinée (SLECG) ont conclu ce mardi 2 décembre 2025 un protocole d’accord majeur, fruit de longues heures de négociations sous haute pression. La rencontre, tenue dans la salle de réunion du Ministère du Travail et de la Fonction Publique, marque une étape importante dans l’amélioration des conditions de travail des enseignants, un enjeu devenu brûlant au fil des derniers mois.
Le Conseil National du Dialogue Social (CNDS) et l’Inspection Générale de l’Administration Publique (IGAP) ont assuré la médiation et la facilitation, permettant un climat de discussion plus serein. Autour de la table, les délégations gouvernementales et syndicales ont réussi à s’accorder sur plusieurs points essentiels, longtemps au cœur des revendications du SLECG.
La revalorisation des primes constitue l’avancée la plus marquante. La prime de préparation mensuelle, qui stagnait à 100 000 GNF, sera portée à 500 000 GNF, tout comme la prime de craie, jusque-là fixée à 125 000 GNF. Ces hausses entreront en vigueur progressivement, atteignant 300 000 GNF dès février 2026 avant de culminer à 500 000 GNF en juillet 2026. La prime de documentation annuelle bénéficie également d’une augmentation spectaculaire, passant de 300 000 GNF à 1 500 000 GNF, une évolution qualifiée d’historique par les représentants syndicaux.
La question du statut particulier des enseignants, ouverte mais jamais aboutie, sera revisitée en février 2026. Ce chantier, crucial pour encadrer les promotions, les avantages et la progression de carrière, reste l’un des dossiers les plus attendus de la profession.
Le protocole d’accord répond aussi à l’épineuse question des salaires gelés depuis 2023. Une Commission bipartite sera chargée d’examiner les dossiers en souffrance, avec l’objectif de régulariser les cas justifiés avant fin décembre 2025. Pour de nombreux enseignants en situation précaire, cette annonce représente un signe d’espoir.
Le reclassement des enseignants admis aux examens professionnels, notamment ceux de la session 2017, débutera en janvier 2026. Une mesure accueillie avec soulagement par des centaines d’agents qui attendaient depuis des années la reconnaissance administrative de leurs efforts.
Concernant les contractuels, le gouvernement maintient une ligne claire : l’intégration dans la fonction publique passera uniquement par concours, invitant les syndicats à encourager leurs membres à s’y préparer sérieusement. Une position qui rappelle la volonté de l’État de préserver les normes d’accès au statut public tout en ouvrant la voie au dialogue.
En clôture des discussions, les parties ont salué un débat empreint de responsabilité et de respect mutuel. Le protocole prévoit une suspension temporaire des négociations jusqu’en février 2026, période à laquelle les points financiers restants seront réexaminés.
Cet accord, qui combine apaisement, avancées sociales et perspectives de réforme, pourrait marquer un tournant pour l’école guinéenne et redonner confiance aux enseignants, longtemps en première ligne des difficultés du système.
Mamadouba CAMARA