N’Zérékoré n’oubliera jamais cette date. Le 1er décembre 2024 reste gravé dans la mémoire collective comme l’un des jours les plus sombres de son histoire récente. Ce jour-là, un match attendu au stade 3 Avril s’était transformé en une tragédie qui avait plongé non seulement la ville, mais tout le pays, dans une stupeur mêlée de douleur et d’incompréhension. Un an plus tard, la population se rappelle encore les cris, la panique, l’effroi et les heures interminables qui avaient suivi le drame.
Ce 1er décembre 2024 avait pourtant commencé comme un dimanche festif, marqué par l’impatience des supporters venus nombreux encourager leurs équipes. Le stade 3 Avril, symbole sportif de la région forestière, vibrait déjà sous les chants et les tambours. Mais ce qui devait être une simple rencontre sportive avait rapidement basculé dans le chaos. L’affluence, la pression dans les gradins, la désorganisation et la confusion avaient créé un enchaînement d’événements dont les conséquences continuent de hanter les esprits.
Aujourd’hui encore, les habitants de N’Zérékoré revivent ces images dès que revient le mois de décembre. Les familles qui ont perdu un proche n’ont jamais vraiment refermé la blessure. Les survivants se souviennent de la bousculade, de la poussière qui montait, des appels à l’aide, de l’impossibilité de se frayer un chemin vers la sortie. La ville entière avait été bouleversée, rassemblée autour des blessés, des disparus, des familles dans le désarroi, et de l’immense incompréhension qui avait suivi.
Un an après, les questions demeurent. Comment un tel drame a-t-il pu se produire dans une enceinte sportive censée garantir sécurité et plaisir du jeu ? Quelles leçons ont réellement été tirées pour éviter que l’histoire ne se répète ? Les autorités ont bien annoncé des mesures, mais sur le terrain, beaucoup estiment que les infrastructures restent fragiles et mal adaptées aux foules massives que drainent les grandes compétitions régionales.
Pourtant, au milieu des larmes et du silence, N’Zérékoré a montré une force remarquable. La solidarité qui avait suivi l’événement reste l’un des souvenirs les plus marquants de cette période. Associations, jeunes bénévoles, autorités locales, leaders religieux et simples citoyens s’étaient mobilisés pour soutenir les familles touchées, offrir des secours, accompagner les blessés et faire bloc face au choc. La ville avait prouvé qu’au-delà de la douleur, elle sait se tenir debout.
Ce premier anniversaire est donc un moment de recueillement, mais aussi d’interpellation. N’Zérékoré veut avancer, mais elle refuse d’oublier. Les habitants espèrent que ce drame rappellera aux décideurs l’urgence de renforcer les normes de sécurité, de moderniser les infrastructures sportives et d’offrir aux populations des espaces sûrs pour vivre leur passion du football. Car pour une région où le sport occupe une place particulière, il est essentiel que plus jamais un match ne devienne synonyme de deuil.
En se souvenant du 1er décembre, N’Zérékoré honore les victimes, mais elle adresse aussi un appel : celui d’une population qui veut transformer la douleur en volonté de mieux faire, pour que la joie du sport retrouve pleinement sa place dans la vie de la cité.
Mamadouba CAMARA