Guinée-Bissau : vague d’assauts armés contre l’opposition, la capitale sous haute tension
La scène politique bissau-guinéenne a de nouveau vacillé ce samedi 29 novembre lorsque plusieurs sièges de partis d’opposition ont été attaqués par des hommes armés. En quelques heures, trois sites politiques majeurs ont été pris pour cible, faisant monter d’un cran une crise déjà explosive depuis l’installation des militaires au pouvoir.
Le premier assaut a visé le siège du PAIGC, formation historique du pays. Tôt dans la matinée, des hommes lourdement armés ont fait irruption dans le bâtiment, forçant le personnel à quitter les lieux. Les bureaux ont été saccagés et, très vite, des militaires ont été déployés autour du siège, situé tout près du palais présidentiel désormais contrôlé par la junte. Muniro Conté, porte-parole du parti, dénonce une stratégie de harcèlement visant à « fabriquer des preuves » contre le PAIGC. Selon lui, les assaillants cherchent à introduire du matériel militaire dans les locaux afin d’accuser faussement les cadres du parti.
Quelques kilomètres plus loin, dans le quartier de Hafia, c’est le siège du PRS, parti de l’opposant Fernando Dias, qui a été pris d’assaut. Des hommes armés y ont lancé des gaz lacrymogènes, provoquant la dispersion immédiate des militants et des passants. La Ligue des droits de l’homme confirme l’attaque et s’inquiète de l’usage disproportionné de la force contre des civils sans défense.
La matinée a aussi été marquée par une troisième attaque, cette fois contre le siège de campagne de Fernando Dias. Le candidat revendique toujours sa victoire face à Embaló et reste caché dans un lieu inconnu par crainte d’être arrêté. Son allié politique, Domingos Simões Pereira, ancien Premier ministre, demeure quant à lui détenu dans les locaux du ministère de l’Intérieur, sans accès public ni communication officielle.
Sur le terrain, la tension était visible. Bubacar Turé, président de la Ligue des droits de l’homme, rapporte que dix jeunes ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’organiser un début de manifestation dans les rues de Bissau. Leur destination reste inconnue, accentuant l’inquiétude des familles et des organisations civiles.
Cet enchaînement d’attaques survient dans un contexte d’attente autour de la mission de la Cédéao, censée arriver ce samedi. Finalement, la délégation a reporté son déplacement à lundi, un geste que certains interprètent comme un signe de prudence face à la volatilité de la situation sécuritaire.
Ces opérations menées simultanément contre les symboles de l’opposition donnent l’image d’une capitale sous étau, où la liberté politique recule au rythme des interventions armées. La Guinée-Bissau entre probablement dans l’une des pages les plus tendues de son histoire récente, avec une population qui observe, inquiète, un pouvoir militaire déterminé à verrouiller l’espace politique.
Mamadouba CAMARA