Guinée : Les syndicats de l’éducation brandissent “l’arme fatale” et menacent d’un avis de grève imminent

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La tension est montée d’un cran ce jeudi 27 novembre à la Bourse du travail, où les enseignants de Guinée se sont massivement rassemblés pour écouter le compte-rendu des trois jours de négociations menées entre l’intersyndicale de l’éducation et le gouvernement. Encadrées par le Conseil National du Dialogue Social, ces discussions ont réuni la FSPE, le SNE et le SLECG, déterminés à obtenir un statut particulier mieux adapté aux réalités du secteur éducatif.

Face à une salle comble, le président du SLECG, Aboubacar Soumah, a livré un exposé précis sur l’état des négociations. Avec son franc-parler habituel, il a rappelé que la priorité absolue reste l’adoption d’un statut clair, unique et applicable à l’ensemble des travailleurs de l’éducation, y compris les enseignants contractuels. Pour lui, la question du statut n’est pas seulement un point de discussion, mais le socle même de la justice professionnelle dans le secteur.

Aboubacar Soumah, véritable figure des mouvements sociaux depuis les années 1990, n’a pas hésité à galvaniser la base. Dans un discours ponctué d’applaudissements, il a appelé les enseignants à la mobilisation totale. Il a également insisté sur la confiance qui doit guider l’action collective, rappelant que les responsables syndicaux ont toujours agi par conviction et sans aucune recherche d’intérêt personnel.

“Nous sommes là pour défendre vos droits, et nous n’avons peur de personne”, a martelé le leader syndical, avant de rappeler les règles strictes qui encadrent le déclenchement d’une grève. Pour lui, la grève n’est pas un geste impulsif, mais “l’arme fatale”, utilisée uniquement lorsque toutes les voies de recours sont épuisées. Il a d’ailleurs annoncé que le préavis de grève est déjà rédigé, prêt à être déposé “dès que les négociations seront bloquées”.

Prenant la parole à son tour, Michel Pépé Balamou du Syndicat National de l’Éducation (SNE) a mis en lumière les multiples tentatives de division qui ont visé les trois organisations syndicales ces derniers mois. Il a rappelé avec force que malgré les pressions, les manipulations et les tentatives d’opposition entre les différents niveaux du système éducatif, l’unité est restée intacte. Pour lui, il existe un seul et unique statut particulier de l’éducation, et personne ne parviendra à dresser les enseignants du primaire, du secondaire ou du supérieur les uns contre les autres.

À l’issue de cette rencontre à haute intensité, un message semble clair : les lignes rouges approchent. Les syndicats poursuivront les discussions, mais avertissent qu’ils n’hésiteront pas à actionner leur “pistolet”, pour reprendre l’expression de Soumah, si les négociations n’aboutissent pas rapidement à des réponses concrètes.

Dans les jours à venir, l’avenir du secteur éducatif guinéen se jouera donc sur un fil, entre attentes légitimes, négociations décisives et menace d’une paralysie générale. Les syndicats, visiblement déterminés à aller “jusqu’au bout”, entendent montrer que la mobilisation des enseignants n’est pas un simple mot d’ordre, mais une force réelle, prête à défendre ses droits sans faiblir.

Mamadouba CAMARA

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