Bah Oury brise le silence : pourquoi il s’est opposé au troisième mandat d’Alpha Condé

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Cinq ans après la tourmente politique qui a secoué la Guinée, le Premier ministre Bah Oury est revenu ce jeudi 27 novembre 2025 sur l’un des épisodes les plus controversés de l’histoire récente du pays : son opposition au troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé. Devant un public rassemblé pour le lancement du FUGAS, il a livré une analyse profonde des raisons qui l’avaient poussé, à l’époque, à refuser la prolongation du pouvoir. Pour lui, la Guinée vivait alors une crise devenue insupportable, alimentée par un système politique à bout de souffle.

Bah Oury a rappelé que le rejet du troisième mandat n’était pas un simple positionnement politique, mais la réponse à une dynamique sociale arrivée à maturité. Selon lui, une grande partie de la société guinéenne n’acceptait plus le statu quo qui s’était installé au fil des années. Il affirme que ce refus était l’expression d’un peuple en quête de renouveau, fatigué des tensions récurrentes et des crises qui s’enchaînaient presque comme un cycle inévitable.

Dans son discours, le Premier ministre est revenu sur le renversement d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021. Il considère aujourd’hui que cet épisode n’était pas seulement le fruit d’une action militaire, mais la conséquence logique d’une transformation profonde. « La maturation sociale avait atteint un niveau tel qu’il fallait nécessairement changer », a-t-il souligné, estimant que ceux qui tentaient de maintenir un statu quo devenu intenable étaient condamnés à être balayés par l’élan populaire.

Bah Oury a insisté sur le fait que la Guinée n’était pas un cas isolé. À ses yeux, cette quête de refondation est un phénomène universel. Il cite l’exemple du démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud pour illustrer que les sociétés finissent toujours par bousculer les systèmes qu’elles jugent trop rigides ou injustes. Pour lui, le chantier de transformation engagé depuis la transition devait offrir au pays un bond qualitatif, un nouveau départ incarné aujourd’hui, dit-il, par le général Mamadi Doumbouya.

Mais au-delà de l’actualité récente, le chef du gouvernement a invité les Guinéens à examiner l’histoire nationale avec lucidité. Il a rappelé que le pays traverse des crises presque tous les dix ans, souvent accompagnées de drames, sans qu’une véritable analyse de fond soit menée. Selon lui, la question fondamentale demeure : d’où viennent ces turbulences qui traversent la Guinée depuis son indépendance ?

Bah Oury estime qu’il est temps d’interroger les piliers mêmes de la société guinéenne. Pour cela, il appelle les sociologues, les historiens et les chercheurs à se pencher sur ce qu’il considère comme la véritable racine des crises. Selon lui, même le vote historique du “non” en 1958 était davantage le produit d’un contexte social que d’un calcul politique. Il invite aujourd’hui à revisiter cette trajectoire pour mieux comprendre les défis actuels.

En ouvrant ce chantier de réflexion, le Premier ministre espère que la Guinée pourra enfin rompre avec la logique des crises cycliques et construire une stabilité durable. Un message qui résonne comme un appel à la responsabilité collective, dans une période où le pays cherche encore son modèle de gouvernance et son chemin vers la paix sociale.

Mamadouba CAMARA

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