Sénégal : l’affaire Nogaye Thiam relance le cri d’alarme contre les violences domestiques
La mort tragique de Nogaye Thiam, une jeune femme de 23 ans retrouvée sans vie dans la maison de sa belle-famille à Thiès, continue de secouer le Sénégal. Le pays, encore sous le choc après la révélation de ce drame, s’interroge sur les zones d’ombre qui entourent ce décès et sur la place inquiétante qu’occupent aujourd’hui les violences domestiques dans la société.
Selon les premiers éléments rendus publics, Nogaye Thiam aurait été retrouvée morte dans sa chambre après vingt-quatre heures, alors que son enfant d’à peine un an et demi se trouvait à ses côtés. C’est une vidéo bouleversante publiée par la sœur de la défunte qui a permis à l’affaire d’éclater au grand jour, provoquant une onde d’indignation sur les réseaux sociaux et dans tout le pays.
Face à ce climat de colère et d’incompréhension, onze associations féministes ont saisi le procureur de la République. Leur exigence est claire : une enquête judiciaire rigoureuse afin de déterminer les circonstances exactes du décès et d’identifier les éventuelles responsabilités. Elles soulignent que ce drame ne peut être banalement classé sans une recherche minutieuse de la vérité.
Dans les milieux associatifs, la question revient avec insistance : comment une jeune femme peut-elle mourir dans une maison familiale, entourée de plusieurs membres de sa belle-famille, sans que personne ne s’en aperçoive pendant une journée entière ? Pour beaucoup, ce silence autour de sa disparition traduit une faille profonde dans le système de protection des femmes et une banalisation inquiétante des violences domestiques.
L’affaire Nogaye Thiam rappelle une réalité douloureuse que de nombreuses voix dénoncent depuis des années : beaucoup de femmes vivent dans la peur, parfois dans l’indifférence totale du voisinage et de leur propre entourage. Ce drame réveille un débat urgent sur le rôle de la communauté, la vigilance des familles et la nécessité de renforcer les mécanismes de protection.
Alors que la population attend les conclusions officielles, l’appel des organisations féministes résonne comme une demande de justice, mais aussi comme un avertissement. Le Sénégal ne peut plus fermer les yeux sur ces violences qui se perpétuent derrière les murs familiaux. La lumière doit être faite, pour Nogaye Thiam et pour toutes les femmes qui vivent dans le silence.
Mamadouba CAMARA