Guinée-Bissau : des tirs près du palais présidentiel ravivent les tensions après un scrutin contesté

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La Guinée-Bissau a replongé ce mercredi dans une atmosphère de grande incertitude politique, quelques jours seulement après les élections présidentielles et législatives organisées dimanche. En milieu de journée, des tirs nourris ont éclaté près du palais présidentiel, selon des journalistes présents sur les lieux. Un épisode qui illustre, une fois de plus, la fragilité institutionnelle d’un pays marqué depuis plusieurs décennies par les crises post-électorales et les rivalités au sommet de l’État.

Selon les témoins, les détonations ont provoqué un mouvement de panique dans les rues environnantes, obligeant commerçants et passants à se mettre à l’abri. Bien que la source exacte des tirs reste encore floue, cet incident intervient dans un climat déjà électrique, alimenté par les déclarations contradictoires des deux principaux camps politiques. Chacun revendique en effet la victoire, alors même que les résultats officiels n’ont pas encore été pleinement consolidés par les autorités électorales.

Dans ce pays où la méfiance entre acteurs politiques est profonde, la période qui suit chaque élection est souvent jugée plus sensible que le scrutin lui-même. Les tensions actuelles semblent confirmer cette tendance. Les partisans des deux protagonistes ont multiplié les mobilisations ces dernières 48 heures, chacun assumant la responsabilité d’avoir remporté le vote. Cette bataille de légitimité, menée aussi bien dans les médias que dans les rues, contribue à alimenter les craintes d’une nouvelle crise politique.

En Guinée-Bissau, les institutions ont régulièrement vacillé face aux contestations électorales. Les coups de force, les dissolutions de gouvernement et les blocages institutionnels ont rythmé la vie nationale depuis plus de vingt ans. Ce passé conflictuel rend chaque épisode de tension particulièrement scruté, tant par la population que par les partenaires régionaux et internationaux. Ces derniers, conscients de l’importance stratégique de la stabilité dans la sous-région, appellent régulièrement au calme et au respect des voies légales de règlement des différends.

L’incident armé de mercredi, même s’il n’a pas encore révélé toute sa portée, démontre que le pays reste vulnérable aux dérapages. Les Bissau-Guinéens, habitués à ces éclats de tension, expriment cependant leur lassitude face à des crises répétitives qui retardent le développement national. Pour beaucoup, la priorité demeure la transparence du processus électoral et la publication rapide de résultats officiels crédibles afin d’éviter une flambée incontrôlée.

Dans ce contexte, le rôle de la Commission électorale est crucial. Sa capacité à communiquer avec clarté, à garantir la sincérité du dépouillement et à apaiser les inquiétudes peut déterminer l’évolution des événements dans les jours à venir. Les observateurs estiment qu’une médiation précoce de la CEDEAO ou de l’Union africaine pourrait également contribuer à désamorcer les tensions, comme cela a déjà été le cas lors de crises précédentes.

Pour l’heure, la population retient son souffle. Les rues de Bissau se vident, les commerces ferment plus tôt, et les spéculations vont bon train. Chaque camp continue d’affirmer son triomphe, mais c’est la stabilité nationale qui, une fois de plus, se retrouve prise en otage. La Guinée-Bissau, qui espère tourner définitivement la page des cycles d’instabilité, se retrouve à nouveau face à un tournant décisif.

Mamadouba CAMARA

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