À Beyla, le souffle d’un retour à la normale s’est fait sentir après dix jours de tensions inédites. Sur le vaste site de Mota Engil, les ouvriers ont finalement accepté, ce dimanche 23 novembre 2025, de suspendre leur grève qui avait paralysé l’ensemble des activités. Une décision prise non pas par renoncement, mais à la suite d’intenses consultations menées à la mairie, en présence des autorités locales, des sages et des femmes mobilisées pour éviter un enlisement aux conséquences lourdes pour toute la préfecture.
Cette suspension n’est toutefois qu’une trêve. Selon un responsable syndical, les travailleurs ont accédé à l’appel des leaders communautaires tout en gardant en tête les menaces de licenciement qui planaient sur eux. Mais ils préviennent : la reprise du travail est conditionnée à un engagement clair de la part de BCEIP et de Mota Engil.
Les ouvriers exigent notamment l’ouverture immédiate de négociations sur leurs revendications, l’absence totale de sanctions contre les grévistes, la protection de tous les employés concernés et la garantie qu’aucun nom ne figurera sur les listes de démobilisation lors des recrutements en cours. Ils demandent également la réintégration dans leurs chambres, dont certains avaient été expulsés pour avoir refusé de reprendre le travail.
Le fond du conflit reste inchangé : les travailleurs réclament la fin de leur gestion par BCEIP et souhaitent être placés directement sous la responsabilité de Mota Engil, entreprise associée au projet Simandou aux côtés de Rio Tinto. Ils dénoncent une longue liste d’irrégularités, allant des abus d’autorité aux salaires jugés insignifiants, en passant par des contrats non conformes au Code du travail et une prise en charge médicale qualifiée d’inefficace. S’y ajoutent des zones d’ombre autour des prélèvements liés à la CNSS et à l’ONFPP.
Maçons, charpentiers, menuisiers, ferrailleurs : plus de 1 280 ouvriers portent aujourd’hui sur leurs épaules un chantier stratégique pour la région. Leur mobilisation a révélé un malaise profond, mais aussi une détermination à faire respecter leurs droits et à obtenir des conditions de travail conformes à la dignité humaine.
La suspension de la grève offre un répit, mais elle n’efface pas les frustrations accumulées. Les prochains jours seront déterminants pour rétablir la confiance entre les travailleurs, BCEIP et Mota Engil. Si les promesses ne se traduisent pas par des actions concrètes, Beyla pourrait replonger dans un blocage encore plus difficile à dénouer. Pour l’instant, les ouvriers ont choisi la voie de l’apaisement, mais leur vigilance demeure. Il revient désormais aux responsables d’ouvrir un dialogue sincère pour éviter que les tensions ne resurgissent et pour garantir un climat de travail juste, stable et transparent.
Mamadouba CAMARA