La Chine relance le TAZARA : un investissement de 1,4 milliard de dollars pour transformer la dorsale ferroviaire de l’Afrique australe

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La silhouette du mythique TAZARA, cette ligne ferroviaire qui relie la Zambie à la Tanzanie depuis les années 1970, s’apprête à changer de visage. Ce jeudi 20 novembre, Pékin a lancé en Zambie un vaste projet de modernisation évalué à 1,4 milliard de dollars. Un investissement colossal destiné à redonner souffle à cette infrastructure stratégique longue de 1 860 kilomètres, pivot de l’exportation du cuivre zambien vers l’est du continent.

Depuis plus de cinquante ans, le TAZARA transporte une partie importante des richesses minérales de la Zambie vers les ports de l’océan Indien. Mais le temps a usé rails, ponts, équipements et capacités. Le chantier annoncé par la China Railway Corporation vient donc répondre à un besoin urgent : remettre à niveau une voie ferrée devenue indispensable, à la fois pour l’économie zambienne, la connectivité régionale et la fluidité des échanges transfrontaliers.

Les travaux, qui devraient s’étendre sur environ trois ans, s’annoncent ambitieux. Ils prévoient la construction de nouveaux ponts, l’aménagement de tunnels modernisés et l’acquisition de matériels roulants dernier cri capables de supporter un trafic renforcé. Derrière ce programme, l’objectif est clair : faire passer les volumes de fret à 2,4 millions de tonnes par an, selon les précisions données par le représentant de la China Railway Corporation lors du lancement officiel du projet.

L’axe Kapiri Mposhi – Dar es Salaam, qui traverse forêts, plaines et zones minières, redeviendra ainsi un couloir économique performant. Pour la Zambie, deuxième producteur de cuivre du continent, cette rénovation représente plus qu’un simple chantier. C’est une bouffée d’oxygène pour une économie fluide, capable d’exporter plus vite, à moindre coût et en limitant l’usure des routes déjà très sollicitées par les camions de minerai.

Du côté de la Tanzanie, la modernisation du TAZARA est également perçue comme une opportunité majeure pour renforcer le rôle stratégique du port de Dar es Salaam, aujourd’hui en pleine expansion. En améliorant la connexion ferroviaire, le pays espère dynamiser son trafic portuaire et renforcer sa place dans le commerce régional et international.

Pour la Chine, ce projet s’inscrit dans la continuité de sa présence historique dans la région. C’est elle qui, dans les années 1970, avait financé et construit le TAZARA original, présenté à l’époque comme un symbole d’amitié sino-africaine. Cinquante ans plus tard, Pékin renforce encore ses liens en reprenant en main cette infrastructure devenue cruciale. Une démarche interprétée par plusieurs analystes comme un signe de la volonté chinoise de consolider son influence économique en Afrique australe, tout en soutenant le développement des pays partenaires.

Au-delà des chiffres et de la géopolitique, les populations locales attendent aussi beaucoup de ce chantier. La modernisation devrait créer des emplois, stimuler l’activité autour des voies ferrées et améliorer la sécurité des transports. Dans plusieurs localités, commerçants et opérateurs économiques espèrent déjà profiter d’un trafic plus régulier et plus fiable.

Si les travaux avancent comme prévu, le TAZARA modernisé ouvrira un nouveau chapitre pour la Zambie et la Tanzanie. Une ligne rénovée, plus rapide, plus sûre et taillée pour soutenir l’essor économique de toute une région. Un projet qui confirme, encore une fois, que les grandes infrastructures demeurent l’un des moteurs essentiels du développement africain.

Mamadouba CAMARA

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