Mauritanie : une école fondée par des migrants pour des migrants s’impose comme un phare d’espoir
À Nouadhibou, deuxième ville de Mauritanie, le port autrefois tranquille est aujourd’hui le théâtre d’un exode silencieux mais dangereux. Chaque jour, de nombreux Africains prennent la mer à bord de frêles pirogues pour rejoindre les îles Canaries, en Espagne, défiant les vagues et les tempêtes dans l’espoir d’une vie meilleure. Ces voyages risqués, souvent fatals, ont transformé cette ville portuaire en un véritable carrefour migratoire.
Face à cette réalité, certaines familles choisissent de rester et de lutter contre la précarité qui les entoure. Elles cherchent à offrir à leurs enfants ce que le continent européen semble leur refuser : une éducation stable et une chance de construire un avenir sur place. Dans ce contexte, une école fondée par des migrants pour des migrants s’impose comme un phare d’espoir. Ici, les enfants, souvent nés dans des conditions difficiles, peuvent apprendre à lire, écrire et rêver, malgré la pauvreté ambiante.
Cette initiative survient alors que l’Europe renforce ses contrôles sur les flux migratoires et que la Mauritanie devient un partenaire central dans la gestion des départs vers le vieux continent. L’école de Nouadhibou, en donnant une éducation aux plus jeunes, ne se contente pas d’enseigner des matières scolaires. Elle transmet également des valeurs de résilience et de citoyenneté, offrant aux enfants une alternative concrète à l’exil périlleux.
Pour les familles, chaque journée passée à l’école est un acte de résistance face à l’incertitude et au danger. Ici, les enfants trouvent non seulement des connaissances mais aussi un refuge, un lieu où le rêve d’une vie meilleure n’est pas seulement synonyme de départ en mer. Dans cette ville marquée par l’espoir et la désespérance, l’éducation devient un véritable outil de survie et d’émancipation.
À Nouadhibou, entre le tumulte des départs en pirogue et la quiétude des salles de classe, une nouvelle génération de migrants choisit de bâtir son avenir loin des vagues. Une lueur d’espoir qui rappelle que parfois, la meilleure traversée se fait à travers les livres et les savoirs, et non sur une mer incertaine.
Mamadouba CAMARA