Haïti : William Ruto hausse le ton à l’ONU et exige un engagement réel de la communauté internationale
À New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le président kényan William Ruto a lancé un avertissement clair à la communauté internationale. Lors d’une réunion de haut niveau consacrée à la crise haïtienne, il a dénoncé le manque d’engagement des grandes puissances et des pays partenaires dans le soutien à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMS), dirigée par le Kenya depuis plus d’un an.
Déployée avec l’aval de l’ONU mais sans en être une mission officielle, la MMS avait pour objectif de sécuriser des points stratégiques à Port-au-Prince et de lutter contre les gangs. Selon William Ruto, les 700 policiers kényans et leurs alliés ont accompli des exploits dans des conditions difficiles : sécurisation de l’aéroport, du palais présidentiel et de plusieurs routes majeures. Mais la mission n’a atteint que 40 % de ses capacités, faute de moyens suffisants.
« Il était prévu que d’autres personnels de sécurité soient envoyés, que nous aurions des véhicules blindés et un support logistique suffisant. Les États-Unis ont fourni des véhicules, mais la plupart étaient de seconde main et beaucoup sont tombés en panne, mettant nos policiers en danger », a déploré le président kényan.
Sur les 2 500 policiers promis par les pays partenaires, moins de 1 000 ont effectivement été déployés. Pendant ce temps, les gangs continuent de contrôler 85 % du territoire haïtien, aggravant l’insécurité et paralysant la vie quotidienne des habitants.
Face à cette réalité, Washington plaide désormais pour transformer la MMS en une véritable force internationale de répression des gangs, dotée de 5 500 hommes et placée sous mandat onusien. Une proposition qui pourrait redonner un cadre plus solide à l’opération, mais qui reste suspendue à l’approbation et au financement des États membres.
William Ruto a insisté sur un point : sans mandat clair ni ressources garanties, toute nouvelle mission en Haïti est vouée à l’échec. « La crise en Haïti peut être résolue. Mais si nous envoyons une nouvelle mission là-bas, son mandat doit être clair et ses financements garantis. C’est une condition sine qua non si nous voulons prendre la crise haïtienne au sérieux », a-t-il martelé.
En tapant du poing sur la table, le président kényan rappelle à la communauté internationale que l’avenir d’Haïti ne peut plus dépendre de demi-mesures ni de promesses non tenues.
Mamadouba CAMARA