Bah Oury prévient : sans épargne nationale, la Guinée restera prisonnière de la dette

0

À l’occasion de l’inauguration du nouveau siège de SUNU Assurances, ce vendredi 12 septembre 2025 à Conakry, le Premier ministre Bah Oury a tenu un discours aux allures d’avertissement. Face aux banques et aux compagnies d’assurance, il a rappelé que la Guinée ne pourra jamais financer son développement si elle continue à dépendre exclusivement de la dette extérieure.

« Tant que nous n’aurons pas une forte capacité de mobilisation de notre épargne, nous serons condamnés à nous endetter. Et l’endettement, c’est une perte progressive de souveraineté », a-t-il martelé, sous les regards attentifs des acteurs du secteur financier.

La Guinée affiche depuis des années une faible capacité de mobilisation interne, malgré son potentiel économique. Les infrastructures routières, souvent citées comme priorité nationale, illustrent ce paradoxe : les besoins sont immenses, mais les financements restent largement dépendants de l’extérieur. Bah Oury en a fait un symbole : « De Mamou à Labé, de Faranah à Kankan, les citoyens demandent des routes. Mais sans une épargne nationale solide, nos ambitions resteront des promesses. »

Le Premier ministre a annoncé que 2026 sera consacrée à un « assainissement en profondeur des circuits économiques et financiers ». Une déclaration qui sonne comme un aveu : l’économie guinéenne souffre d’un manque de transparence, d’efficacité et d’organisation.

La dépendance au cash, que Bah Oury qualifie de « handicap majeur », illustre aussi le retard structurel du pays. Sans digitalisation ni modernisation des moyens de paiement, l’investissement reste lent, fragmenté et peu productif.

Si le discours du Premier ministre marque une volonté politique claire, il soulève aussi des questions : les banques et assurances, souvent critiquées pour leur frilosité, accepteront-elles de jouer pleinement leur rôle ? Les réformes annoncées pour 2026 auront-elles la portée nécessaire pour transformer en profondeur les circuits économiques ?

Pour de nombreux observateurs, la réussite de ce chantier dépendra moins des déclarations que de la capacité du gouvernement à instaurer la confiance, à mobiliser réellement les ressources internes et à sortir la Guinée du piège d’une économie sous perfusion extérieure.

Par Mamadouba CAMARA

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.