Guinée : Les Forces Vives en guerre ouverte contre la junte de Mamadi Doumbouya

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La tension politique monte en Guinée à l’approche du référendum prévu le 21 septembre 2025. Dans une déclaration rendue publique ce dimanche 10 août, les Forces Vives de Guinée (FVG) ont lancé une charge virulente contre la junte militaire, accusant le général Mamadi Doumbouya de vouloir « confisquer le pouvoir » en violation flagrante de la Charte de la Transition.

Réunies en plénière, les FVG disent constater avec « profonde déception » que le chef de la transition poursuit, selon elles, « un agenda visant à s’installer durablement au pouvoir », malgré les engagements initiaux pris devant le peuple et la communauté internationale.

Le cœur de la discorde porte sur le référendum constitutionnel de septembre, perçu par la plateforme comme un instrument destiné à « valider un projet de Constitution » taillé sur mesure pour permettre à Mamadi Doumbouya de « s’exonérer du respect de son serment » et de s’ouvrir la voie à une présidence à vie.

Le ton de la déclaration est sévère. Les FVG accusent le régime en place d’être marqué par la corruption, le détournement massif des deniers publics et des violations récurrentes des droits humains et libertés fondamentales. Elles évoquent « une répression systématique » des mouvements contestataires et pointent du doigt les forces de défense et de sécurité (FDS) pour l’« assassinat impuni » de plus de 60 jeunes manifestants.

La liste des accusations est longue : disparitions forcées de plusieurs activistes, dont Foniké Mengué, Billo Bah, Saadou Nimaga, le journaliste Marwane Camara, ainsi que d’autres citoyens, y compris des militaires. Elles dénoncent aussi la mort suspecte en détention de figures telles que le Dr Mohamed Dioubaté, le général Sadiba Koulibaly et le colonel Pépé Célestin Bilivogui.

Les FVG fustigent par ailleurs les « kidnappings » et « traitements inhumains » infligés à des personnalités comme Abdoul Sacko, du Forum des Forces Sociales de Guinée, ou Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, ainsi que les « poursuites et condamnations arbitraires » visant des leaders politiques comme Aliou Bah.

Elles dénoncent un musellement de la presse, avec fermeture de radios critiques et restrictions d’accès à internet. Elles estiment que les prochaines consultations électorales se dérouleront dans « un climat de terreur » entretenu par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), appuyé par des administrateurs militaires, de façon à écarter toute voix discordante.

Selon la coalition, le projet de Constitution viole « manifestement » la Charte de la Transition et les engagements pris par Mamadi Doumbouya devant la Cour suprême et le peuple guinéen. Elles parlent d’un « parjure assimilable à la haute trahison ».

Face à ce qu’elles qualifient de « dérive autoritaire », les FVG annoncent leur refus de s’associer à toute initiative visant à légitimer le processus en cours. Elles appellent à une mobilisation nationale pour contrer la junte et annoncent des manifestations pacifiques sur tout le territoire et à l’étranger à partir du 5 septembre 2025.

« L’heure est venue de reprendre en main notre destin », conclut la déclaration, qui sonne comme un appel à la résistance face à ce que les Forces Vives considèrent comme une confiscation programmée du pouvoir.

Mamadouba CAMARA

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