Dans une atmosphère mêlant solennité et espoir, le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MESRSI) a lancé officiellement, ce lundi 4 août 2025, le programme ambitieux intitulé « 250 PhD femmes enseignantes-chercheures et chercheures d’ici 2035 ». Une initiative audacieuse, qui ambitionne de briser les plafonds de verre et de combler l’écart criant entre hommes et femmes dans le monde académique et scientifique guinéen.
Portée par une volonté politique claire, cette action vise à inverser une tendance inquiétante : la sous-représentation féminine dans l’enseignement supérieur et la recherche. En 2024, seulement 2 % des femmes enseignantes-chercheures en Guinée détiennent un doctorat, contre 4 % en 2020. Et plus alarmant encore, la participation des femmes à la recherche scientifique ne dépasse pas 0,1 %, selon les chiffres livrés par Bintoubhè Diakité Kaba, cheffe du Service Genre et Équité du MESRSI.
Face à cette réalité, l’État guinéen entend réagir avec force et méthode. Ce programme, inédit dans le pays, est conçu pour former, encadrer et accompagner au moins 250 femmes vers l’obtention du plus haut diplôme universitaire, d’ici une décennie.
Présente à la cérémonie, Rose Pola Pricemou, ministre des Postes et de l’Économie numérique, a souligné l’importance d’impliquer les femmes dans les secteurs porteurs de l’avenir.

« Quand les femmes s’impliquent dans les domaines technologiques, elles peuvent résoudre de nombreux défis sociaux. Nous accompagnerons au moins dix femmes dans les secteurs de l’intelligence artificielle et de l’analyse de données », a-t-elle affirmé.
La cérémonie a été marquée par la présence inspirante de nombreuses personnalités féminines, dont plusieurs anciennes ministres. Parmi elles, Hadja Makalé Camara, ex-ministre des Affaires étrangères, a livré un témoignage poignant :
« Quand on parle de formation, on parle d’abord des femmes, car ce sont elles qui sont le moins formées, souvent contraintes à abandonner l’école pour des raisons sociales. Or, sans formation, il n’y a rien à revendiquer. »
Le programme « 250 PhD femmes » ne se veut pas uniquement un quota ou une statistique. Il est un levier de transformation sociale, une réponse concrète aux discriminations systémiques et une porte ouverte vers une Guinée plus équitable, plus compétente et plus inclusive.
Un signal fort est donc lancé : les femmes auront désormais toute leur place dans les laboratoires, les amphithéâtres et les grandes décisions scientifiques du pays. Une révolution douce mais déterminée, à suivre de près.
Mamadouba CAMARA