L’Intersyndicale de l’Éducation dénonce un protocole “illégitime” et appelle les enseignants à rester mobilisés

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Un vent de crispation souffle à nouveau sur le secteur éducatif guinéen. À peine signé, le protocole d’accord annoncé entre le Gouvernement, le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) et un Syndicat de l’Enseignement Technique suscite une vive contestation. Ce mercredi 3 décembre 2025, l’Intersyndicale de l’Éducation, qui regroupe la Fédération Syndicale Professionnelle de l’Éducation (FSPE) et le Syndicat National de l’Éducation (SNE), a publié un communiqué d’une fermeté inhabituelle, dénonçant ce qu’elle qualifie d’“accord honteux, illégitime et source de discorde”.

Dans ce document rendu public, les deux organisations syndicales ne mâchent pas leurs mots. Elles affirment que l’accord signé la veille tient davantage de la manœuvre politique que de la résolution sincère des problèmes du secteur. Leur première critique porte sur la présence, parmi les signataires, d’un Syndicat de l’Enseignement Technique qu’elles qualifient ouvertement de “fantôme”. Selon elles, cette structure ne fait pas partie des organisations légitimes engagées dans les négociations et n’a jamais tenu de congrès permettant de valider sa représentativité.

“Ce prétendu syndicat n’est pas membre de l’Intersyndicale, n’a pas signé le mémorandum que nous avons déposé et n’a jamais été reconnu dans aucun processus sérieux de concertation. Malgré cela, il s’est permis, avec la complicité du Gouvernement et du SLECG, de parapher un document qui ne le concerne aucunement”, souligne le communiqué. Pour l’Intersyndicale, cette participation irrégulière jette une ombre sur la crédibilité de l’accord.

Au-delà de cette question de légitimité, la déclaration se montre particulièrement sévère envers le Gouvernement. Les deux organisations parlent d’“amateurisme consternant”, estimant que les autorités ont préféré s’accorder avec des structures qui, non seulement n’ont ni lancé ni déposé d’avis de grève, mais n’ont même pas participé à la mobilisation nationale des enseignants. Une incohérence qui, selon elles, démontre une volonté manifeste de contourner les véritables acteurs du mouvement social.

“Comment peut-on suspendre ou lever une grève que l’on n’a jamais appelée ? Cette absurdité prouve l’empressement du Gouvernement à s’éloigner des revendications légitimes pour se tourner vers des interlocuteurs plus dociles”, dénonce l’Intersyndicale, qui dit refuser toute tentative de diversion.

La médiation conduite par les autorités n’échappe pas non plus à la critique. L’Intersyndicale l’accuse d’avoir pris parti, rompant ainsi avec les principes fondamentaux d’une négociation impartiale. Pour elle, cette attitude ne peut que fragiliser davantage un climat social déjà tendu.

Face à cette situation, les leaders syndicaux appellent les enseignants de tout le pays à considérer cet accord comme “un non-événement” et à rester déterminés. Ils affirment que le mouvement demeure “apolitique et strictement social”, recentré sur les préoccupations réelles des travailleurs de l’éducation.

Les revendications principales, elles, restent inchangées. Il s’agit notamment de la signature urgente du statut particulier des personnels de l’Éducation, de l’engagement des enseignants contractuels communaux non retenus après l’évaluation pratique, du déblocage des arriérés de salaire et de la prime d’incitation, ainsi que du paiement de la prime de fonction destinée aux hauts cadres et responsables déconcentrés du secteur.

À travers cette sortie musclée, l’Intersyndicale réaffirme sa position : aucun arrangement ne sera considéré comme valide tant qu’il n’intégrera pas les véritables représentants de la profession et ne répondra pas aux attentes profondes des enseignants guinéens. L’atmosphère laisse donc présager que le bras de fer entre syndicats et autorités est loin d’être terminé.

Mamadouba CAMARA

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