Guinée-Bissau : la CEDEAO hausse le ton et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel
La Guinée-Bissau vient une nouvelle fois de basculer dans l’incertitude politique. Quelques jours seulement après la tenue du scrutin présidentiel de dimanche, un groupe d’éléments des forces armées a interrompu le processus électoral en cours, plongeant le pays dans une nouvelle crise institutionnelle. Ce jeudi 27 novembre, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest a réagi avec fermeté, dénonçant ce qu’elle qualifie de « coup d’État perpétré » contre les institutions légitimes de la République.
Dans un communiqué lu au nom de l’organisation sous-régionale, le Président en exercice de la CEDEAO, Julius Maada Bio, n’a pas mâché ses mots. L’organisation « condamne sans équivoque » la prise de pouvoir par la force et dénonce une « interruption injustifiable » du processus démocratique engagé par les citoyens bissau-guinéens qui attendaient encore la proclamation des résultats. Pour la CEDEAO, aucun motif ne peut justifier une telle rupture de l’ordre constitutionnel à un moment où le pays semblait engagé sur la voie d’un retour à la stabilité électorale.
Face à cette situation jugée grave, l’organisation régionale exige le rétablissement immédiat du gouvernement civil et la poursuite transparente du processus électoral. Elle rappelle qu’elle ne reconnaîtra aucune autorité issue d’un coup de force et prévient que des sanctions pourraient être envisagées contre les auteurs de cette prise de pouvoir militaire si la situation n’évolue pas rapidement vers un retour à la légalité constitutionnelle. Une position qui s’inscrit dans la ligne dure adoptée ces dernières années par l’organisation face aux ruptures institutionnelles dans la région.
Ce nouvel épisode de turbulence vient relancer les interrogations sur la fragilité politique de la Guinée-Bissau, pays marqué depuis son indépendance par une succession de putschs, de tentatives de coups d’État et d’instabilité persistante entre les forces armées et les autorités civiles. Alors que les électeurs attendaient les résultats d’une élection décisive pour l’avenir du pays, cette irruption militaire risque d’aggraver davantage la méfiance envers les institutions et de compromettre les efforts récents pour consolider la démocratie.
La CEDEAO, qui suit de près la situation sur le terrain, appelle l’ensemble des acteurs politiques et militaires à faire preuve de retenue et à privilégier le dialogue. L’organisation réaffirme son engagement à accompagner la Guinée-Bissau vers une sortie de crise pacifique, mais insiste sur la nécessité d’un respect strict du cadre constitutionnel pour garantir la paix et la stabilité régionales.
Dans un contexte africain marqué par la résurgence des coups d’État, la prise de position ferme de la CEDEAO vise également à envoyer un signal clair : la région n’acceptera plus les ruptures institutionnelles comme une fatalité. Le sort de la Guinée-Bissau pourrait ainsi devenir un nouveau test pour la capacité de l’organisation à maintenir l’ordre démocratique dans un espace régulièrement éprouvé par des crises politiques répétées.
Mamadouba CAMARA