Guinée-Bissau : l’Union Africaine et la CEDEAO dénoncent un coup de force qui étouffe le processus démocratique

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La Guinée-Bissau replonge encore dans l’ombre de l’incertitude. Quelques heures seulement après l’annonce d’une prise de pouvoir par les forces armées, les Chefs des Missions d’Observation Électorale de l’Union Africaine (UA) et de la CEDEAO ont haussé le ton. Dans une déclaration ferme, ils ont dénoncé une « prise de pouvoir militaire » illégale qui, selon eux, constitue une menace directe contre le processus démocratique engagé dans le pays.

Cette réaction intervient dans un contexte politique déjà fragile. La nation attendait encore la proclamation des résultats de l’élection présidentielle lorsque les militaires ont annoncé la suspension des institutions et l’arrestation de plusieurs responsables majeurs, dont le Président, son Chef d’État-major et le Ministre de l’Intérieur. Pour les observateurs internationaux, ce timing porte un coup violent à la crédibilité du scrutin et à la volonté du peuple bissau-guinéen.

Filipe Jacinto, chef de mission pour l’Union Africaine, et Issifu Baba Braimah Kamara, représentant de la CEDEAO, se disent « profondément préoccupés » par ce qu’ils décrivent comme une action préméditée visant à interrompre l’élan démocratique. Ils soulignent que les deux principaux candidats à la présidentielle les avaient assurés, quelques heures plus tôt, de leur engagement à respecter le verdict des urnes. Une garantie qui donnait une lueur d’espoir dans une Guinée-Bissau souvent secouée par les putschs et les rivalités politiques.

Pour les deux institutions régionales, il ne fait aucun doute que ce coup de force met en péril les acquis durement obtenus. Ils y voient une menace non seulement pour la Guinée-Bissau, mais pour l’ensemble de la région ouest-africaine où, ces dernières années, les transitions militaires se sont multipliées. Dans leur déclaration, ils en appellent à une réaction rapide et coordonnée, exhortant l’Union africaine et la CEDEAO à prendre « des mesures immédiates » pour restaurer l’ordre constitutionnel.

Au cœur de leur préoccupation se trouve également la détention de personnalités clés du processus électoral. Pour eux, leur arrestation compromet la poursuite normale des opérations, alors même que le pays s’acheminait vers l’un des moments les plus déterminants de son histoire politique récente. « Nous demandons à l’Union africaine et à la CEDEAO de prendre les mesures nécessaires pour restaurer l’ordre constitutionnel. Nous sommes profondément préoccupés par la détention de hauts responsables… Nous exhortons les forces armées à libérer immédiatement les personnes détenues », ont-ils insisté.

Dans les rues de Bissau, la nouvelle a plongé la population dans un mélange de stupeur et d’inquiétude. Le pays, déjà marqué par une instabilité chronique, voit naître la crainte d’un nouvel épisode de turbulence politique prolongée. Pour beaucoup, ce coup d’État porte un coup dur à leurs aspirations à une gouvernance stable et à un avenir démocratique apaisé.

Alors que la communauté internationale observe la situation avec attention, les actions de la CEDEAO et de l’Union africaine seront déterminantes dans les heures à venir. Leur capacité à peser sur les événements pourrait décider du retour à l’ordre constitutionnel ou de l’enlisement d’une crise qui, une fois de plus, met la Guinée-Bissau sous tension.

Mamadouba CAMARA

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