Bobi Wine rallume la flamme du changement à Mukono à l’approche d’une présidentielle décisive en Ouganda
L’air vibrait d’une énergie particulière ce mardi 25 novembre à Mukono, dans la périphérie est de Kampala. À quelques semaines de l’élection présidentielle du 15 janvier 2026, l’Ouganda vit une campagne d’une intensité rare, marquée par l’opposition farouche entre Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de quarante ans, et son principal challenger, Bobi Wine. Dans ce bastion de l’opposition, le leader du National Unity Platform a offert un meeting qui sonne comme un signal fort : le désir de changement reste intact, malgré les défis et les pressions.
Dès les premières heures, plusieurs centaines de boda-boda ont convergé vers la ville, escortant le convoi du candidat dans une ambiance festive. Vêtue de rouge, symbole de la contestation et de la soif de renouveau, la foule agitait drapeaux et banderoles, comme pour rappeler que l’avenir du pays se joue aussi dans ces rues souvent oubliées. Le meeting de Mukono n’était pas un simple rassemblement politique. Il ressemblait à une déclaration collective, un cri venu du cœur d’une jeunesse qui se reconnaît dans le parcours de Bobi Wine, cet ancien artiste devenu figure de résistance.
L’atmosphère trahissait à la fois l’exaspération face à la longévité du régime Museveni et l’espoir suscité par l’alternative incarnée par Bobi Wine. Beaucoup sont venus avec la conviction que ce scrutin pourrait modifier le destin du pays. Parmi eux, de jeunes visages marqués par la précarité, les défis du quotidien et le désenchantement. Ils voient en Bobi Wine un homme qui porte leur vécu, leurs colères et leurs aspirations. La voix de Najibu Were, un jeune de 24 ans, résume cet état d’esprit largement partagé dans la foule. Pour lui, Bobi Wine « connaît la vie du ghetto » et comprend les souffrances de ceux qui vivent en marge du système. Cette proximité sociale, disent-ils, est ce qui distingue l’opposant d’un président jugé déconnecté après quatre décennies de pouvoir.
Sous un soleil pesant, le candidat a livré un discours rythmé, appelant à une élection apaisée mais déterminée. Il a insisté sur la nécessité de bâtir une gouvernance nouvelle, plus juste, plus inclusive. À chaque phrase, la foule réagissait avec ferveur, comme pour prouver qu’elle se reconnaît dans ce combat. Le meeting illustre surtout une réalité : l’élection de janvier s’annonce comme l’une des plus disputées de l’histoire récente de l’Ouganda. Entre un système solidement installé et une jeunesse avide de changement, le pays se trouve à un tournant décisif.
À Mukono, la ferveur populaire a rappelé que les campagnes ne se gagnent pas seulement dans les institutions mais aussi dans les rues, au contact des populations. L’enjeu de cette présidentielle dépasse les personnalités politiques. Il touche à la quête d’un avenir différent, d’une société où chaque citoyen peut espérer une vie meilleure. En repartant de Mukono, beaucoup avaient le sentiment d’avoir participé à un moment historique. Le 15 janvier dira si cet élan se traduira dans les urnes, mais une chose est certaine : la bataille pour l’alternance est loin d’être silencieuse, et les voix qui s’élèvent aujourd’hui comptent bien se faire entendre jusqu’au bout.
Mamadouba CAMARA