France : plus de 600 bébés victimes de violences sexuelles en 2024, une tragédie qui glace le pays

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Les chiffres dévoilés par la Mission interministérielle pour la protection des femmes ont traversé la France comme un choc. Derrière les statistiques froides, ce sont des vies minuscules, fragiles, encore au seuil de la parole, qui racontent une réalité que beaucoup préféraient ne pas imaginer. En 2024, plus de 600 nourrissons âgés de 0 à 2 ans ont été accueillis dans les unités médico-judiciaires pour des faits de violences sexuelles. Une vérité brutale, presque irréelle, qui rappelle que la violence n’épargne même pas les bébés.

Le rapport, publié le jeudi 20 novembre, s’appuie sur des données transmises par le ministère de la Santé. Ces 614 enfants représentent 2 % de l’ensemble des victimes examinées en UMJ. Un pourcentage qui pourrait sembler minime, mais qui dit en réalité l’ampleur d’un drame invisible. Parce qu’un nourrisson n’a pas de mots pour raconter. Parce que c’est souvent le corps, meurtri, qui témoigne à sa place. Et parce que derrière chaque cas se cache un adultisme criminel, une confiance trahie, et souvent un silence familial difficile à briser.

Au total, les UMJ françaises ont reçu près de 74 000 victimes de violences sexuelles et sexistes en 2024. C’est presque 9 000 de plus que l’année précédente. Cette progression interroge : les violences augmentent-elles réellement, ou les victimes parlent-elles davantage ? Les associations spécialisées répondent que les deux réalités coexistent. D’un côté, les violences persistent, enracinées dans des rapports de domination qui ne reculent pas. De l’autre, les campagnes de sensibilisation ont permis à de plus en plus de victimes d’oser franchir la porte d’une structure de prise en charge.

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) apporte un éclairage encore plus inquiétant. Chaque année, environ 160 000 mineurs seraient victimes de violences sexuelles en France. Un chiffre qui dépasse l’entendement. Plus glaçant encore : pour 22 % d’entre eux, les premières agressions surviennent avant l’âge de 5 ans. Cela signifie que près d’un quart des violences sexuelles sur mineurs commencent avant même la maternelle, parfois alors que l’enfant ne tient pas encore debout.

Les spécialistes soulignent un point essentiel : la violence envers les tout-petits est souvent commise dans la sphère familiale ou par des proches. Les bébés ne sortent pas seuls. Leur cercle est restreint. Lorsqu’ils sont victimes, cela implique généralement une trahison intime, un crime commis là où ils sont censés être le plus en sécurité. Ce huis clos rend le dépistage encore plus difficile et le traumatisme encore plus profond.

Face à cette réalité, les acteurs de la protection de l’enfance appellent à renforcer la formation des professionnels de santé, des éducateurs et des travailleurs sociaux. Ils insistent aussi sur l’importance de sensibiliser les parents à identifier les signaux d’alerte, même discrets, et à dépasser la honte ou la peur qui empêchent parfois de dénoncer.

Ce rapport n’est pas seulement une compilation de données. C’est un cri. Un appel à regarder en face ce que beaucoup préfèrent refuser. La société française, comme tant d’autres, doit choisir entre détourner les yeux ou décider de protéger réellement ses enfants, dès les premiers mois de leur vie. Parce que chaque silence protège un agresseur, et chaque mot peut sauver une enfance.

Mamadouba CAMARA

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