Tanzanie–Kenya : le mystère qui entoure la disparition du corps d’un enseignant kenyán assassiné à Dar es Salam

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Depuis la fin du mois d’octobre, une affaire bouleversante secoue les familles à cheval entre le Kenya et la Tanzanie. Près de deux semaines après le meurtre de John Oguthu, un enseignant kényan tué le 29 octobre à Dar es Salam, ses proches n’ont toujours pas pu récupérer son corps. Une situation qui vire à l’incompréhensible et qui alimente la colère comme la peur au sein de la communauté kényane.

Bernard Miranyi, cousin de la victime, vit ces jours comme un long cauchemar. Il raconte ses allers-retours à l’ambassade de Tanzanie à Nairobi, ses appels répétés aux autorités, et surtout l’angoisse de ne pas savoir où se trouve désormais la dépouille de son parent. « C’est très frustrant. On est allés à l’ambassade de Tanzanie plusieurs fois. Le ministre kényan des Affaires étrangères lui-même a reconnu qu’un Kényan du nom de John Oguthu a été tué en Tanzanie. Que font-ils pour le ramener à la maison ? Ça fait peur ! », confie-t-il, la voix lourde d’inquiétude.

Le drame a pris une dimension encore plus troublante lorsque la morgue où reposait le corps a annoncé sa disparition. Comment un corps enregistré, conservé et placé sous la responsabilité d’un établissement médical peut-il disparaître sans laisser de trace ? Les proches réclament des réponses, les autorités restent silencieuses, et la tension monte des deux côtés de la frontière.

Au Kenya, l’affaire commence à susciter un débat plus large sur la protection des citoyens à l’étranger. Beaucoup y voient le symbole d’un système diplomatique parfois trop lent, parfois trop opaque. Pour d’autres, il s’agit surtout d’un drame humain qui met à nu les failles de la coopération transfrontalière en matière de justice et de gestion des victimes.

En Tanzanie, les premières informations sur l’enquête restent floues. Les autorités locales n’ont jusqu’ici fourni aucun détail sur les circonstances du meurtre, encore moins sur la disparition du corps. Des activistes tanzaniens commencent eux aussi à demander des clarifications, dénonçant un manque de transparence qui jette l’ombre d’une possible dissimulation.

Pour la famille Oguthu, l’urgence est pourtant simple : retrouver le corps et organiser une inhumation digne. « Nous voulons juste le ramener à la maison », répète Bernard Miranyi. Dans la culture kényane, comme dans de nombreuses sociétés africaines, le deuil ne peut s’accomplir sans le retour du défunt auprès des siens. Aujourd’hui, cette étape essentielle leur est refusée.

Ce silence officiel qui entoure l’affaire nourrit les pires spéculations. Est-ce une erreur administrative ? Une négligence grave ? Ou quelque chose de plus sombre ? Dans l’attente, la famille continue d’implorer les gouvernements des deux pays d’agir avec humanité et célérité.

Au-delà du drame individuel, cette disparition rappelle l’importance des mécanismes de protection consulaire et du devoir de transparence lorsque des vies humaines sont impliquées. Une famille endeuillée attend des réponses. Deux nations doivent désormais assumer leur responsabilité.

Mamadouba CAMARA

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