Burkina Faso : une nouvelle offensive contre la mendicité à Ouagadougou

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À Ouagadougou, les autorités burkinabè ont engagé une action ferme contre la mendicité qui, depuis plusieurs années, occupe les carrefours, les marchés et les espaces publics de la capitale. Cette semaine, la brigade Laabal, force dédiée à la lutte contre l’indiscipline et le désordre urbain, a interpellé une dizaine de mendiants installés quotidiennement dans les rues les plus fréquentées. Cette opération marque une étape de plus dans la volonté du gouvernement de remettre de l’ordre dans la ville et de trouver une réponse durable à un phénomène devenu préoccupant.

Les personnes interpellées ont été conduites sur un chantier de l’initiative « Faso Mêbo », un vaste programme visant à impliquer les citoyens dans la construction nationale. Sur place, elles ont participé aux travaux de pavage, au curage des caniveaux et à l’assainissement des voies. Pour les autorités, il ne s’agit pas d’une punition, mais d’une manière de réinsérer ces individus dans un cadre utile, tout en leur transmettant le sens de l’effort collectif. Ce chantier offre également une forme de formation pratique qui pourrait, à terme, ouvrir des perspectives d’insertion professionnelle.

En rencontrant les maîtres coraniques, souvent à la tête d’écoles où sont envoyés de jeunes talibés qui finissent parfois dans la rue, le ministre de l’Action humanitaire a tenu un discours sans ambiguïté. Il a rappelé que la loi burkinabè interdit la mendicité sous toutes ses formes et que la responsabilité des encadreurs religieux est pleinement engagée dans la protection et l’éducation des enfants. Le gouvernement souhaite mettre fin aux dérives qui conduisent des mineurs à arpenter les rues pour demander de l’argent plutôt que de recevoir une instruction stable et encadrée.

Dans ce contexte, plusieurs organisations de la société civile saluent l’action de l’État, tout en appelant à renforcer les dispositifs sociaux pour éviter que les personnes vulnérables ne retournent dans la rue. Elles rappellent qu’au-delà de la répression, des solutions durables doivent être pensées, notamment sur le plan économique et éducatif. La question de la mendicité touche en effet à la pauvreté, à l’urbanisation rapide et à la fragilité de nombreux foyers dépendants de la solidarité publique.

En lançant cette nouvelle offensive, les autorités burkinabè affichent leur détermination à restaurer un espace urbain plus ordonné tout en mettant en avant une approche mêlant fermeté et accompagnement. Reste à voir si cette dynamique pourra se poursuivre et produire des résultats durables dans une société marquée par de profondes inégalités sociales. Mais pour l’instant, Ouagadougou semble entrer dans une nouvelle phase de gestion de ses défis urbains, avec la volonté affirmée de bâtir un pays plus discipliné et solidaire.

Mamadouba CAMARA

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