Sommet de l’AES à Bamako : Ibrahim Traoré charge les dirigeants africains et prédit un “hiver noir” pour l’Afrique de l’Ouest

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Le deuxième sommet des chefs d’État de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), tenu sur 48 heures à Bamako, s’est achevé ce mardi 23 décembre sur une note particulièrement marquante. Au cœur des débats, un discours offensif et sans détour du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Burkina Faso, qui n’a pas hésité à interpeller certains dirigeants africains qu’il accuse d’inaction, de duplicité et de complaisance face aux défis sécuritaires et géopolitiques qui menacent la sous-région.

Dès l’entame de son allocution, le chef de l’État burkinabè a tenu à rendre un hommage appuyé aux forces combattantes de l’AES. Selon lui, c’est grâce à leur courage et à leur sacrifice quotidien sur les théâtres d’opérations que les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont pu se retrouver à Bamako « pour communier au nom de leurs peuples ». Un hommage fort, qui place l’armée et les forces de défense au centre du projet confédéral.
S’excusant par avance auprès de ceux que ses propos pourraient choquer, Ibrahim Traoré a ensuite dressé un tableau sombre de l’avenir de l’Afrique de l’Ouest. Il a évoqué l’arrivée imminente d’un « hiver noir », une période qu’il décrit comme marquée par l’aggravation des violences, l’instabilité politique et les ingérences étrangères. Pour le président burkinabè, la création de la Confédération de l’AES n’est pas un choix idéologique, mais une nécessité vitale face à cette menace qu’il juge réelle et imminente.

Dans un discours fortement imagé, il a insisté sur la volonté des États membres de se préparer collectivement à ces temps difficiles à travers l’unité, la solidarité et la résilience. Toutefois, il a regretté le manque de soutien, voire l’hostilité ouverte, de certains acteurs africains envers l’initiative de l’AES. À ses yeux, ces résistances internes fragilisent davantage une région déjà éprouvée par le terrorisme et les crises multiformes.

Le capitaine Traoré n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il qualifie de divisions savamment entretenues. Il a accusé certains responsables politiques, médias et acteurs influents des réseaux sociaux de « semer la haine » entre les communautés et de saper les efforts de cohésion entre les peuples africains. Dans une tirade virulente, il a fustigé des « chefs d’État lâches » qui, selon lui, se cachent derrière des médias pour attaquer les initiatives de l’AES, décourager les populations et attiser les tensions communautaires.
Malgré la dureté de ses propos, le président burkinabè a appelé les populations à la retenue. Il a exhorté à ne pas répondre aux provocations par la violence, insistant sur l’importance de la communication, de l’unité et de la lucidité collective. Pour lui, la survie et la réussite de l’AES passent par la maturité politique des peuples et leur capacité à résister aux manipulations.

Affichant une foi inébranlable en l’avenir, Ibrahim Traoré s’est montré confiant : « L’AES vaincra, l’AES grandira », a-t-il martelé, convaincu que les peuples du Sahel sauront surmonter les épreuves, vaincre le terrorisme et imposer leur souveraineté sur la scène internationale.
Il a conclu son intervention par des bénédictions et des appels à la solidarité, invoquant la protection divine pour les populations de l’AES et réaffirmant l’engagement des États membres en faveur de la dignité, de l’indépendance et de la souveraineté réelle des nations sahéliennes.

Mamadouba CAMARA

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