Législatives en Côte d’Ivoire : la disparition de 27 000 cartes d’électeurs jette une ombre sur le scrutin

0

À une semaine des élections législatives en Côte d’Ivoire, le climat politique se tend déjà à Abidjan. Une polémique de taille est venue troubler le lancement officiel de la campagne électorale, avec l’annonce de la disparition d’au moins 27 000 cartes d’électeurs dans la commune de Port-Bouët. Une situation jugée grave par de nombreux acteurs politiques, qui redoutent des irrégularités susceptibles d’affecter la crédibilité du scrutin.

Selon la Commission électorale indépendante (CEI), chargée de l’organisation des élections, ces cartes d’électeurs se sont volatilisées dans des circonstances encore non élucidées. Face à l’ampleur de l’incident, l’institution a annoncé avoir décidé de porter plainte contre X afin de situer les responsabilités et faire toute la lumière sur cette affaire. Une enquête judiciaire est donc attendue dans les prochains jours, alors que le compte à rebours électoral est déjà bien entamé.

À Port-Bouët, commune stratégique du sud d’Abidjan et bastion électoral disputé, la nouvelle a provoqué une vive inquiétude parmi les populations. Pour de nombreux électeurs, la carte électorale reste le sésame indispensable pour participer au vote. Sa disparition massive soulève des interrogations sur la sécurisation du processus électoral et alimente les soupçons de manipulation politique, dans un contexte où chaque siège à l’Assemblée nationale compte.

Du côté de l’opposition, la réaction ne s’est pas fait attendre. Plusieurs candidats et responsables politiques ont exprimé leurs craintes quant au bon déroulement du scrutin. Ils redoutent que cette disparition ne soit qu’un symptôme de dysfonctionnements plus profonds pouvant conduire à des fraudes ou à l’exclusion de milliers d’électeurs le jour du vote. Certains exigent des mesures urgentes et transparentes pour garantir que les citoyens concernés puissent exercer leur droit de vote sans entrave.

La CEI, pour sa part, tente de rassurer. Elle affirme travailler activement à la résolution du problème et promet de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que les électeurs de Port-Bouët ne soient pas lésés. Toutefois, dans un pays où les processus électoraux ont souvent été sources de tensions politiques et sociales, la confiance reste fragile. Chaque incident, aussi technique soit-il, est rapidement interprété à travers le prisme de la rivalité entre pouvoir et opposition.
Cette affaire intervient alors que la campagne des législatives s’annonce particulièrement disputée. Les enjeux sont importants, tant pour le parti au pouvoir que pour les formations d’opposition qui espèrent renforcer leur présence au Parlement. Dans ce contexte, la transparence et la crédibilité du processus électoral deviennent des exigences majeures pour préserver la paix sociale et la stabilité politique.

À mesure que la date du scrutin approche, l’attention se focalise désormais sur la manière dont cette crise sera gérée. Pour de nombreux observateurs, la réponse des autorités électorales constituera un test décisif de la maturité démocratique ivoirienne. La gestion de la disparition des cartes d’électeurs à Port-Bouët pourrait ainsi peser lourd dans la perception globale de ces législatives, bien au-delà des frontières de la commune concernée.

Mamadouba CAMARA

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.